Defi d'Eté

Un soir d'été
Le Rhin
Qui coule
Un train
Qui roule
Des nixes blanches
Sont en prière
Dans la bruyère
Toutes les filles
À la fontaine
J'ai tant de peine
J'ai tant d'amour
Dit la plus belle
Qu'il soit fidèle
Et moi je l'aime
Dit sa marraine
J'ai la migraine
À la fontaine
J'ai tant de haine
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)


Midi
MIDI, roi des étés, épandu sur la plaine,
Tombe en nappes d'argent des hauteurs du ciel bleu.
Tout se tait. L'air flamboie et brûle sans haleine;
La terre est assoupie en sa robe de feu.

L'étendue est immense, et les champs n'ont point d'ombre,
Et la source est tarie où buvaient les troupeaux;
La lointaine forêt, dont la lisière est sombre,
Dort là-bas, immobile, en un pesant repos.

Seuls, les grands blés mûris, tels qu'une mer dorée,
Se déroulent au loin, dédaigneux du sommeil;
Pacifiques enfants de la terre sacrée,
Ils épuisent sans peur la coupe du soleil.

Parfois, comme un soupir de leur âme brûlante,
Du sein des épis lourds qui murmurent entre eux,
Une ondulation majestueuse et lente
S'éveille, et va mourir à l'horizon poudreux.

Non loin, quelques boeufs blancs, couchés parmi les herbes,
Bavent avec lenteur sur leurs fanons épais,
Et suivent de leurs yeux languissants et superbes
Le songe intérieur qu'ils n'achèvent jamais.

Homme, si, le coeur plein de joie ou d'amertume,
Tu passais vers midi dans les champs radieux,
Fuis! la nature est vide et le soleil consume:
Rien n'est vivant ici, rien n'est triste ou joyeux.

Mais si, désabusé des larmes et du rire,
Altéré de l'oubli de ce monde agité,
Tu veux, ne sachant plus pardonner ou maudire,
Goûter une suprême et morne volupté,

Viens! Le soleil te parle en paroles sublimes;
Dans sa flamme implacable absorbe-toi sans fin;
Et retourne à pas lents vers les cités infimes,
Le coeur trempé sept fois dans le néant divin.
Leconte de Lisle

Deux poèmes, deux auteurs, deux styles, un théme: L'Eté...
Dans le cadre du questionnement ouvert par Farouche, je vous propose de poster sur ce théme: Eté, deux textes, courts (3/ 4 quatrains et 16 vers);
Le 1er, de forme classique avec rimes et pieds comptés (octos, décas, alexandrins, ou impairs) tous les vers devant en avoir le même nombre qui sera annoncé par l'auteur (attention les boîteux...)
Le 2ème: libre...

Pas de mots imposés mais un interdit: chaleur et son champ lexical...
Pour mettre un peu d'originalité dans un théme certes de saison mais plutôt bateau.

Leconte de Lisle et le Parnasse j'adore dans le genre hyper classique, et j'adore Apollinaire qui a touché à tout les genres...

Vous avez jusqu'à la fin Août, et je m'y colle aussi...
Bises d'Avalon.

Quelle belle idée
Je ne sais pas si j'oserai, mais en tout cas, je serai ravie de vous lire

Osons, osons !
J'essaie de m'y mettre...
Super idée, en tous cas, j'espère que nous serons nombreux à relever le défi.

Pas ce soir en tous cas... mais oui, pourquoi pas!

J'avais prévu d'en proposer justement un, mais j'attendrai encore alors.
Si j'ai le temps de m'y coller, why not.

Cooool !
Plus on est de fous...

Première à m'y coller, alors. Pfffff... vous êtes durs !
Bon, je me lance, en hexa-syllabes pour la forme imposée, et en vers libres pour les vers libres, hé hé.

Effluves.


Il faut les yeux fermés
Pour respirer l’été.
Les paupières closes
On sent mieux toute chose.

Le figuier qui embaume
Sous ses feuilles en dôme,
L’albizia gracile
Aux arômes fragiles.

Plus haut dans la colline
Le thym, odeur mutine,
Et puis la marjolaine
Au fort parfum d‘Eden.

Il faut les yeux fermés
Pour respirer l’été.
Alors, prodige étrange
On a le nez d’un ange.


Catalepsie

Or contre vert
L’été a vaincu le printemps.
Les blés
En paille d’épis dressés
Craquent leur fin prochaine.
L’air se fait rare
Il tremble
Et l’horizon se trouble.
Les yeux se plissent
Luttant en vain.
Du bleu d’en haut
Tombe, implacable,
L’aveuglante clarté
Qui ploie le temps sous son joug.
Les heures ne peuvent plus passer :
Tout est figé dans la lumière.

Bravo d'avoir eu le courage de commencer!
Sur le fond, c'est impeccable, les termes du défi sont respectés. Mention pour la dernière strophe "prodige étrange, on a le nez d'un ange". Et les 2 derniers vers libres, surtout "les heures ne peuvent plus passer".
J'ai compté tes hexas, ce qui m'a valu le plaisir des subtilités de l'usage du E... Subtilités tellement subtiles qu'elles posent des problèmes prosodiques...
Grammaticalement: "On sent mieux toute chose" et " sous ces feuilles en dôme" c'est 7 si on tient compte du E, mais prosodiquement, le E final, étant féminin, ne compte pas en poèsie classique, donc on est bien en 6...

Citation :

Grammaticalement: "On sent mieux toute chose" et
" sous ces feuilles en dôme" c'est 7 si on tient compte du E, mais
prosodiquement, le E final, étant féminin, ne compte pas en poèsie
classique, donc on est bien en 6...

Je sais

06/08/08




Ce sont des décas...
Le titre: piqué à je ne sais plus quel rigolo qui, lassé de la prolifération des festivals aux noms plus ou moins exotiques, a appelé le sien ainsi, arguant que le sens ethymologique est "fête d'été".
Les strophes, respectivement:
L'Eté des 4 Saisons
L'Eté d'Arcimboldo
Le Songe d'une Nuit d'Eté de Shakespeare.

Code:

Ce sont des décas...

Pas tous, non il y a des alexandrins, des vers de 11 pieds aussi, plus même que de décas.

Bon, allez j'y vais cash. Je trouve assez maladroit le mélange des 3 origines. Si je l'avais lu sans tes explications, je crois bien que je n'aurais rien compris à ces coq-à-l'âne.
Certains mots s'affrontent en terme de registre comme "zig zag" et "ire".

Un vers cependant m'émeut pour sa musique qui effectivement produit pour moi le bruit d'un souffle :
Le souffle des archets en adagio brûle.

Mea culpa pour les pieds, peux tu signaler ce qui cloche, parce que j'ai compté et re...
Pour le théme, c'est: L'eté dans tous ses états tel que l'ont traduit des artistes, un "festival" des représentations de l'été.
J'admets que ça peut paraître un peu décousu, d'où les notes explicatives.
Le registre de chaque strophe est adapté à ce qu'il présente, "zig/ zag" pour les éclairs, le terme est employé "musicalement" dans une présentation du 3ème mouvement de l'Eté...
Juste des mises au point, pas des excuses...

Oh ! Et puis, tu n'as en aucun cas à t'excuser ! Chacun exprime ce qu'il ressent, en écrivant ou en lisant, en toute amitié, sans désir de nuire ou de provoquer une quelconque culpabilité.

Alors, pour les pieds :

L’â-me -des- vi-o-lons -ap-ès- l’é-té -sou-pire, 12
Le -sou-ffle- des- ar-chets- en -a-da-gi-o- brûle. 12
Les -cor-des- s’en-fla-mment- et- on -l’en-tend- ru-gir, 12
L’or-age -for-ti-ssi-mo -en- zig-zags- roule. 11

Cœur -d’ar-ti-chaut- et- sou-rir-e -po-ta-ger 11
Nez -de -cour-gette, pen-dants- d’ail, joues -de -pomme 10
L’a-bon-dan-ce- coi-ffe- des -tré-sors- du- ver-ger 12
Le -pro-fil- rou-geaud- tour-né -vers -l’Au-tomne. 10

L’A-mour -ima-gine, per-dant- ju-ge-ment… 10
Ti-ta-ni-a -trom-pée- par- l’ir-e -d’O-bé-ron 12
Se- lan-guit- pour- l’â-ne- d’un- en-chan-te-ment. 11
Son-ge, cha-ssé- cro-isé, tout- est -illu-si-on… 11

Eternel problème des syllabes muettes ou non, qu'on peut souvent contourner à l'aide de virgules ou en ajoutant ou supprimant des prépositions.
Tu aurais presque intérêt à tout transformer en alexandrins dans le cas présent. Je peux te faire des propostions si tu le souhaites, mais n'y vois aucune obligation d'accepter

Il y avait bien à mon sens quelques accrocs de rythme, mais je ne me suis pas amusée à compter.
Quelle galère... moi je bute toujours sur le comptage des -e muets ou pas, ça m'énerve.
Sinon, oui, ça m'a paru aussi un peu décousu, et un peu trop savant sur le coup, savant dans le sens obscur. Il vaudrait mieux qu'on arrive à comprendre sans trop de notes explicatives.
On remet tout dans le chaudron, et on touille ?
Constance, pénible

je triche un peu, ce sont des textes écrits d'avance!




Aux trilles d’alouettes

L’été chante très haut,

Il chante, chante beau

Des blés brille la fête.



Au fond des chemins creux

Les gars mènent les filles,

Finis les jeux de billes,

Jouons aux amoureux.



Et toi l’épouvantail,

Mets ton chapeau de paille,

Secoue tes oripeaux,

Que le vent t’encanaille !



Les enfants en vacances,

Sous le soleil s’ennuient,

L’école est close, ils prient

Pour qu’elle recommence.



Le soir, le grain rentré,

A la fraîcheur des arbres,

Les paysans s’attardent,

Le ciel est étoilé,



Là-haut brillent des grains,

Autant qu’en leur grenier,

Ce soir ils ont gagné

Les étoiles et leur pain.


et en vers plus libres:




Que dire de l’été

Sinon sa luxuriance

Ses branches s’affaissant

Au poids de ses fruits lourds

Sa chaleur lénifiante

Invitant à l’amour

Et aux siestes mollasses

A l’ombre de la cour.



Que dire de l’été

A la pensée oisive

Pendant qu’encor s’active

Le paysan aux blés,

Sinon qu’il m’indiffère

Dans sa triste paresse

Et son étal de fesses

Aux plages qui s’ennuient.



Que dire de l’été

Aussi qu’il me pénètre

D’un insidieux mal-être

Au parfum d’abandon,

Je vois par la fenêtre

Un orage qui glisse

Les verts qui s’assombrissent

Les nuées en bourgeons.



Que dire de l’été

Aspiré-je à sa fin ?

Que ses jours longs me pèsent

Et que sa nuit m’atteint ?

Je n’aime pas son poids,

Même au vu de ses fruits,

De douloureux émois,

Il m’encombre l’esprit

du coup, j'ai pas eu le temps de remercier Morgane pour son petit défi, de lui dire que j'avais à nouveau apprécié ces références légendaires ou historiques qu'elle sait glisser adroitement dans ses vers,
de dire à Farouche que ses textes m'avaient charmé et à Constance que les pieds ont si peu d'importance!
A bientôt.

Tu n'as pas indiqué si c'est "libre" ou "classique", on va dire libre! ce n'est pas tricher que de poster un texte déjà écrit s'il correspond.
J'aime bien cette double vision de l'été, son côté chaleur/ vacances/ moissons et son côté "pesant".
Un plus pour "l'étal de fesses aux plages qui s'ennuient".

Certes, les pieds n'ont pas d'importance, sauf quand on annonce qu'on va les compter (et qu'on se plante dans le calcul, lol).
Quand je dis "pas une excuse" je ne m'excuse pas, je veux dire que définir ma démarche n'est pas une excuse pour boîter!
D'ac les filles, on remet tout dans le chaudron, et on touille.
Farouche nous apportera les ingrédients de la rigueur prosodique, Constance la légereté pour un truc moins "intello", et moi, bah, je vous écoute!
Copie à revoir!!! A trois (et plus s'il y'a des amateurs) on devrait bien aboutir à sortir du chaudron un plat mangeable!

Heu la légèreté en ce moment, ma Mo', ce n'est pas ça. En plus, plein de soucis au boulot.
J'ai bien aimé la fin de ton texte en "vers comptés", geho :
"Ce soir ils ont gagné
Les étoiles et leur pain."
Et aussi le malaise diffus qui se dégage de ton deuxième texte.
Mais je ne suis pas enthousiasmée.
Constance, carrément pénible.

Ah, ça me plait !
Un texte plein de bémols déroutants, d'ailleurs pour moi l'été n'a jamais été une saison si franche que cela...
Sinon,
les deux premières lignes introduisent un certain malaise et une originalité intéressante
"Le blé si blond" : ça c'est une image trop commune, franchement
"les doux visages" : mouiff, un peu trop vu aussi
Je ne comprends pas ton utilisation de "vernales", c'est un adjectif, non ?
"un été vert glacé", j'aime beaucoup
Mention spéciale pour la 3ème strophe, encore que, "avide" ne réussit à me convaincre qu'à moitié (oui je sais, ça rime)
J'adore "les amants fruités", et la fin en général.
Bref, j'aime, quoi...
Constance, décortiqueuse

Voilà madame
Vernal(e) est un adjectif : qui appartient au printemps


Il pleut des soleils sur Cérès

Et du bleu se voulant sage.

Le blé en blondes caresses,

Esquisse les paysages.


Chères vernales trépassées,

Admirez la belle déesse,

Aux fleurs d’un été vert glacé

Par le tourbillon de l’ivresse.


Les arbres ont pris une ride,

Aux rayons assoiffés de nuit.

Ne reste qu’une branche timide

Que le temps encore poursuit.


Les champs blessés par la brûlure

Chassent les amants fruités ;

Leurs amours un peu trop mûres,

Meurent dans la saison hantée.

Constance ayant "décortiqué", me reste à lire! je n'ai pas compté les pieds!
J'aime beaucoup cet été "vert glacé", surtout que notre été est plutôt glacé!
Une vision en demi teinte, trop brûlant l'été. j'approuve la "mention spéciale" pour la 3ème strophe, mais la 4ème est bien aussi.
M'enfin, z'avez quoi contre l'été?

Voui, mieux.
Mais je ne comprends toujours pas... "Chères vernales trépassées", là ça fait carrément trois adjectifs...
Heu, j'aime pas plus "une branche timide" (je me fais lyncher, là).
"languide", ça le fait ?
Woula...
Non, ma Mo', je n'aime l'été que quand je suis heureuse. Sinon, c'est indécent.

trépassé est un nom commun aussi et fait allusion aux fleurs et végétation qui ne peuvent vivre qu'au printemps.
Après je garde le "timide", il me plaît bien
Je fais déjà de mon mieux pour changer quelques petites choses, il ne faut pas en demander trop non plus.
Languide ne me plaît pas vraiment car je l'associerai plus à l'automne et à la décrépitude.

morgane, je n'ai rien contre l'été, c'est la saison que je préfère, disons que je ne veux pas le faire trop rougir quoique...