Aujourd'hui, stage de danse de l'Inde du Nord, les danses kalbeliya (ou kalbelia) du Rajasthan.
J'avais déjà vu au Cabaret Sauvage, cet hiver, un spectacle consacré à cette culture (voir mon article), et j'avais admiré une magnifique danseuse.
Le professeur, donc, qui enseigne toutes les danses tsiganes, de l'Inde jusqu'à l'Espagne (ce sont des gens qui voyagent, s'pas), s'appelle Simona Jovic. Elle est très connue, et vous pouvez sans mal aller visiter son site internet. D'ailleurs, elle organise des stages chez les Roms de différents pays, en les suivant dans leurs pérégrinations : confort rudimentaire, mais chant et danse autour des feux et sans doute beaucoup d'échanges magnifiques.
Elle a déployé une carte du monde et nous a montré le trajet supposé de ces nomades venus du Rajasthan. Simona nous a d'abord précisé qu'il s'agissait de nomades, et non de tziganes, des Rajasthani vivant de leur art et faisant donc partie d'une caste. Mais les roms et tous les tsiganes descendraient d'eux.
Il existe deux familles génériques : les kalbeliya et les sapera. Kalbeliya vient de "kalo", noir, car le fond des robes des danseuses comporte toujours du noir. Et Sapera de "sap", le serpent, car cette famille produit aussi des charmeurs de serpents. Les filles apprennent à danser en observant les cobras, qui font en quelque sorte partie intégrante de leur vie. Lorsqu'elles se marient, vers 20 ans, elles arrêtent de se produire en public.
La danseuse dont les photos suivent est une Sapera (elle s'appelle donc : quelque chose, j'ai oublié le prénom- Sapera).
Les nomades du Rajasthan dansent sur des rythmes binaires 2/2 (deux temps, le premier étant marqué par une frappe du pied droit), en trois temps 3/4 (comme une valse en fait), en sept temps 7/8 (décomposé en 1-2-3 / 1-2 / 1-2, toujours le premier temps frappé du pied). Je précise qu'elles portent des larges bracelets de chevilles ornés de grelots, et marquent ainsi le rythme.
Les musiques et les instruments sont ceux du Nord de l'Inde, ils ont voyagé et ont évolué tout le long du périple de ces nomades, influençant les musiques et les instruments de l'Orient (donc aussi de l'Occident) en suivant la route de la soie. Le détour et le long arrêt en Egypte est un peu particulier, car la culture égyptienne était déjà si importante qu'elle a adapté ces apports en les enrichissant considérablement (par exemple, les mouvements de hanche et de bassin en isolation n'existent pas en danse kalbelyia, alors qu'ils sont essentiels en danse égyptienne) .
Pour donner une idée :
Le sarangi, une sorte de vielle, a évolué pour donner le violon en Turquie (oui oui, c'est un instrument turque à la base).
Le kartal consiste en deux planchettes de bois, des sortes de castagnettes indiennes en fait, j'ai vu en jouer avec une dextérité confondante. Dans les Balkans et en Turquie, cela s'est transformé en jeu avec des cuillères en bois servant de percussions. Et comme les nomades sont allés jusqu'en Espagne, et ont influé sur le flamenco parait-il, on devine ce qu'est devenu cet instrument.
La manjira est une paire de cymbalettes en bronze. Cela a donné les sagattes en Egypte (celles avec lesquelles j'essaie de danser, hum), et les zills en Turquie.
Quelques photos après toutes ces parlottes !
Ah, une dernière chose : comme danse, c'est très très vif ! J'ai l'impression d'être passée sous un rouleau compresseur...
Mais c'est fabuleux à danser !!
(Ah, et je suis sûre que si j'ai dit des bêtise sur la musique indienne ou les instruments, notre grandguru va remettre tout ça en ordre)...