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 La Grande Guerre: Mémoire et Opposition

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Morgane
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Morgane


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MessageSujet: La Grande Guerre: Mémoire et Opposition   La Grande Guerre: Mémoire et Opposition Icon_minitimeDim 9 Nov - 19:47

08/11/08


LA GRANDE GUERRE

MEMOIRE ET OPPOSITION


90 ans déjà ! Et le dernier poilu est mort. Un repos bien mérité !
Je ne vais pas vous raconter l’histoire de la Guerre de 14/18 pour une fois, en ces temps de commémoration, on trouve des ouvrages en traitant partout !

Je vais vous parler des Monuments aux Morts, et de ceux qui étaient contre la guerre, celle là et les autres…


I) LES MONUMENTS AUX MORTS

La 1ère Guerre Mondiale, a mobilisé en France, 8 millions d’homme, dont 5 ont combattus.
1,5 millions de ces hommes sont morts : 27% des effectifs engagés, soit 10,5 de la population masculine, sans compter les 3,4 millions de blessés et mutilés. Sur une population de 39 millions d’habitants.
Pour se souvenir de leurs compagnons tombés, ceux qui sont revenus vont être à l’origine d’un formidable engouement pour la mémoire des morts, pour se souvenir de ceux qui sont morts pour la France.
Les communes vont élever des stèles, apposer des plaques, ériger des cénotaphes (qui ne sont pas des tombes, ils ne contiennent pas de corps).
Chaque commune (elles sont 36 000) va faire élever un Monument en mémoire de ses enfants.
S’y ajouteront les noms des morts de la Seconde Guerre Mondiale, et même pour certaines, les noms des morts de la Guerre d’Algérie, depuis qu’on s’est enfin décidé à admettre que c’était bien une guerre !

S’appuyant sur l’esprit de la loi du 25 Octobre 1919, un usage s’est imposé comme référence pour les décisions municipales en la matière : l’inscription d’un nom se justifie pleinement lorsque le défunt décédé au cours d’une guerre ou d’une opération assimilée à des campagnes de guerre, est né ou domicilié légalement en dernier lieu dans la commune.

17% des « morts » sont en fait des « disparus ». Des hommes dont on n’a jamais retrouvé le corps, ou des « inconnus » non identifié tant ils étaient méconnaissables. L’incertitude est une blessure supplémentaire pour bien des familles.
Pour représenter tous ces inconnus, disparus, un corps est choisi à Verdun et inhumé le 11 Novembre 1921 place de l’Etoile sous l’Arc de triomphe. Chaque pays vainqueur a son « Inconnu ».
Un très beau film avec Philippe Noiret « La vie à tout prix » retrace la recherche de cet « Inconnu » idéal.

A l’origine, la fonction de ces édifices a été de rassembler la population autour du souvenir de ceux qui ne reviendront plus vivre dans la cité, faisant ainsi participer la commune au travail de deuil des familles. Par ailleurs, graver les noms des morts revenait à donner à ceux-ci un peu de cette gloire dont étaient alors parés ceux qui s’étaient sacrifiés pour la victoire des armées françaises. Je dirais que « L’On » avait sacrifiés, On étant les généraux commandants en chef qui n’étaient pas avares de cette « Chair à canon », et ont lancé bien des offensives mal préparées et totalement suicidaires, mais eux, regardaient de très loin et ne risquaient pas leur précieuse peau !
Voir l’ouvrage de Pierre Miquel :
« Le Chemin des Dames »
« Enquête sur la plus effroyable hécatombe de la grande Guerre », attention âmes délicates, ça secoue !

La situation des monuments aux morts dans la commune n’est jamais innocente : à proximité de la mairie, l’école, l’église, du cimetière, au milieu de la place publique. Ils marquent le territoire et doivent être visibles. Les morts appartiennent autant au public qu’aux familles puisqu’ils ont donné leur vie « Pour la France ».

En général, les monuments aux morts sont plutôt moches, style pompier assuré, grandiloquents, exaltants d’héroïsme.
J’en ai plusieurs en photo justement parce que je les trouve moches et représentatifs d’un style et d’un état d’esprit.
J’ai vu à Fives, quartier de Lille, le monument aux morts qui se trouve dans le cimetière, ce qui m’a effarée, c’est la quantité de noms (rien que pour 14/18) pour ce qui devait n’être à l’époque qu’un petit village, et souvent les mêmes noms, des familles entières plus que décimées, et quand il ya les dates (ce n’est pas souvent le cas) la jeunesse de ces morts !
Vous devez savoir depuis le temps que je ne suis pas du genre à pleurer aux commémorations et qu’elles me gavent, mais là, ce sont des hommes qui sont morts pour la folie d’autres hommes et pas pour « sauver la France » ils n’avaient pas le choix, on fusillait les déserteurs, ceux qui refusaient de partir (ils n’étaient pas légion en 14) étaient impitoyablement poursuivis, désertion en temps de guerre, c’est de la trahison !
De même j’ai touché vraiment « touché » ce drame à Douaumont, l’ossuaire est une horreur esthétiquement parlant, mais tous ces noms, ça fait froid dans le dos, et la « Tranchée des Baïonnettes », où il ne reste plus beaucoup de baïonnettes, parce que des abrutis les ont emportés comme souvenir ! Savoir que ceux qui sont là-dessous ont été ensevelis vivants par un tir d’obus…
Tout le paysage est marqué encore par la guerre, ravagé…
Et ce que j’ignorais c’est que se sont les américains qui ont financé l’ossuaire et le monument de la Tranché, les français avaient surement pas les moyens, en outre les forts de Douaumont et Vaux sont dans un état lamentables, alors pas la peine de nous gaver avec le « Devoir sacré de mémoire » et machin si c’est pour ne pas s’en occuper. Quand j’ai visité, c’était en Août, la guide nous a dit : « Vous avez de la chance qu’il ne pleuve pas, sinon, il faut des bottes ! »

Si tous les monuments aux morts, au moins pour les petites communes, qui n’avaient pas les moyens d’engager les services d’un sculpteur, se ressemblent, si on peut voir le même à plusieurs exemplaires, c’est qu’ils ont été commandés sur catalogue. Si beaucoup sont en bronze, c’est qu’on a recyclé les canons, les fonderies se sont reconverties à la paix et ont fabriqués des monuments à la mémoire de ceux que les armes qu’ils fabriquaient avant avaient tués !

Habituellement les monuments aux morts exaltent la patrie et les poilus, mais il en existe quelques un qui s’affirment contre la guerre, ils ont choqué à l’époque, comme si être contre la guerre, c’était mépriser ceux qui sont morts ! La guerre est méprisable, pas les hommes qu’on envoie à la boucherie comme en 14 !


color=red]II) CONTRE LA GUERRE

1) L’ANTIMILITARISME[/color]

Etre contre la guerre signifie t-il obligatoirement être antimilitariste ?
Pour moi, c’était quasiment synonyme, parce qu’un soldat, comme la géographie (CF le livre d’Yves Lacoste) ça sert d’abord à faire la guerre ! Mais si on s’en réfère à la stricte définition de l’anti militarisme, c’est moins évident :
« Conviction d’opposition (individu ou groupe) à l’égard des institutions et esprits militaires.


Rejet volontaire et structuré du militarisme.
L’origine de l’idéologie se trouve dans le siècle des Lumières, en particulier chez Kant dans son ouvrage « la Paix Perpétuelle ».
Avant la 1ère guerre Mondiale, les antimilitaristes se recrutaient surtout dans les rangs des anarchistes, socialistes et syndicalistes révolutionnaires. »

Mais les socialistes et la grande majorité des syndicalistes vont abjurer leurs convictions pour réaliser « L’Union sacrée », mise en veilleuse de toutes les querelles politiques et divergences pour faire en bloc face à l’ennemi !
On assassine Jaurès et les socialistes ne lèvent pas le petit doigt pour protester quand son assassin est acquitté en 1919 pour « Service rendus à la patrie ».
Mais Jaurès n’était pas antimilitariste, il était pacifiste.

2) LE PACIFISME

« Il existe deux acceptions du terme « pacifisme » : l’action des partisans de la paix ou une doctrine de la non violence.
Les deux concepts relient simplement les revers d’une même médaille : Théorie et Praxis.

Dans le premier sens, le pacifisme est la doctrine de l’action des partisans de la paix ou du rétablissement de la paix.
Les socialistes d’avant 14, les Zimmerwaldiens durant la 1ère Guerre Mondiale, les opposants aux guerres coloniales ou les partisans de la paix entre Israéliens et Palestiniens professent un pacifisme qui n’est pas assimilable à la non violence. Les refuznicks israéliens qui ne refusent pas de porter les armes, mais de servir au-delà de la ligne verte, sont des pacifistes. »

Des pacifistes qui portent des armes ? Ca me surprend, mais ? N’y a-t-il pas des moments où on ne peut plus refuser de combattre ? Si les résistants n’avaient pas pris les armes, on en serait où ?
Quand quelque chose paraît inacceptable, on ne peut pas rester les bras ballants, encore faudrait-il définir ce qui est « inacceptable », pour qui et pourquoi.

« Pour certains analystes, l’opposition systématique à la guerre par certains pacifistes est critiquable.
Dans la préface à l’édition de 1946 de « la Trahison des Clercs », Julien Benda prend position contre un pacifisme systématique qui exclut la guerre dans tous les cas :
« Nous estimons que le clerc est parfaitement dans son rôle en admettant l’emploi de la force, voire en l’appelant, dés qu’elle n’agit qu’au service de la justice, à condition qu’ils n’oublient pas qu’elle n’est qu’une nécessité temporaire et jamais une valeur en soi »
Là, je comprends pas trop, parce que si on est « pacifiste » on n’accepte jamais l’usage de la force ?
Benda, j’avais jamais entendu parler avant :
Julien Benda : 1867/1956, philosophe et journaliste.
Dans « la Trahison des Clercs » il reproche aux intellectuels d’avoir quitté le monde de la pensée désintéressée pour se compromettre dans le combat politique, un plaidoyer contre leur adoption des « Passions politiques » : race, nation, classe, parti.
Il est dreyfusard, pour l’épuration des collaborateurs après la guerre, mais il finit pro stalinien !

Enfin selon l’auteur péruvien Mario Vargas Llosa, cette attitude revient à laisser le pouvoir aux dictateurs :
« Le pacifisme semble être un sentiment altruiste inspiré par une éoecuménique abjuration de la violence et le rêve d’un monde où tous les conflits se résoudraient autour d’une table de négociation et dont les armes auraient disparu.
C’est une belle affabulation, mais celui qui croit que la meilleure façon de la rendre réalité consiste à s’opposer à toutes les querelles pareillement œuvre en vérité pour que le monde soit une jungle dominée par des hyènes et des chacals, et où les brebis seraient exterminées »

Ben quoi, on peut rêver ! Puisqu’on finit toujours par s’asseoir autour d’une table, pourquoi ne pas commencer par là au lieu de se taper dessus avant ?


Question Je ne comprends absolument pas ce que le smyley vient faire à la place du Huit de 14/18, ni pourquoi je ne peux pas l'effacer!

La Grande Guerre: Mémoire et Opposition Monume10
La Grande Guerre: Mémoire et Opposition Dardil10

Deux monuments aux morts:
Le premier classique et polychrome, il en reste assez peu.
Le 2ème, "Contre la guerre".
Pour en voir plus, sur Google: Images de monuments aux morts, et "Monuments aux morts antimilitaristes" dsl, les liens ne passent pas.
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Nombre de messages : 4029
Date d'inscription : 07/07/2007

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MessageSujet: Re: La Grande Guerre: Mémoire et Opposition   La Grande Guerre: Mémoire et Opposition Icon_minitimeLun 10 Nov - 0:26

Merci pour ce travail intéressant (et salutaire). J'aime particulièrement le deuxième monument aux morts "contre la guerre".
J'ai la plus grande admiration pour Gandhi, et j'avoue avoir eu des frissons pendant le film avec Ben Kingsley devant tant de détermination dans le chemin de la non-violence absolue.
Mais je ne sais pas si je pourrais adopter un tel comportement. Il y a des choses inacceptables, et parfois la force peut être nécessaire pour lutter contre la force.
Qu'aurions nous fait si nous avions vécu pendant le 2ème guerre mondiale ? Certains auront l'honnêteté de répondre : je ne sais pas, ou même : rien. Certains savent au fond de leur coeur qu'ils n'auraient pas supporté de s'abstenir. Ce n'est pas de l'héroïsme. C'est juste aussi évident de l'amour. On ne peut lutter contre cette force qui nous pousse vers quelqu'un, comme on ne peut lutter longtemps devant l'inadmissible.
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