08/12/08SAINT NICOLAS
[size=12]Lui ? Dans l’arbre généalogique du Père Noël, c’est le plus proche, le grand papa, voir le papa !
« Ils étaient trois petits enfants
Qui s’en allaient glaner au champ… »
Vous connaissez la légende de St Nicolas telle que la conte la chanson. Les enfants s’égarent à la nuit, demandent hospitalité au boucher qui les tue et les « met au saloir comme pourceau… » Sept ans plus tard Nicolas passe par là et les ressuscite.
C’est ce qui le rend si populaire, mais je n’ai pas trouvé trace de cette histoire dans La Légende Dorée de Jacques de Voragine, elle est sans doute plus tardive (Voragine écrivait à la fin du XIIIème).
Evêque de Myre dans l’actuelle Turquie, Nicolas, mort en 350, fut bien sûr un saint homme qui accomplit même de son vivant de nombreux miracles, dont la résurrection d’un enfant, mais ça beaucoup de saints l’ont fait.
Vénéré comme confesseur de la foi, il avait l’habitude de faire des cadeaux en secret.
Voragine raconte que pour éviter à un père de famille noble mais pauvre de prostituer ses trois filles, il offrit pour chacune une somme d’or qui permis de les marier, mais fit jurer au père qui l’avait surpris lors du dernier don, voulant savoir qui était le généreux donateur, de ne rien révéler.
Il a aussi l’habitude de rendre à leurs parents les enfants volés.
Tout le désigne donc pour devenir le protecteur des enfants et celui qui leur distribue la joie par des cadeaux.
C’est aussi le patron des marins (il a une chapelle sur le Pont d’Avignon).
Mais ce rôle de distributeur de cadeau ne lui vient qu’assez tardivement, lors même qu’il est très populaire dans toute l’Europe (surtout dans celle de l’Est) dés le Haut Moyen Age.
Sa dévotion en Alsace et Lorraine viendrait de ce qu’un chevalier de retour des Croisades aurait dérobé un morceau de ses reliques pour l’emporter chez lui où lui sont rapidement dédiés monastères et églises.
Le vol des reliques était un sport courant à l’époque, qui dit reliques dit pèlerins, qui dit pèlerins dit apport économique !
C’est au XVIIIème siècle que la société devient plus sensible envers les enfants (non qu’on ne les aimait pas avant, mais ils mourraient si vite qu’on considérait leur survie comme quasi un miracle), leur valeur devient inestimable et leur éducation une priorité.
C’est alors que la veille du 6 décembre St Nicolas commence à passer en secret dans les maisons, offrir pommes et noix en échange de prières.
Mais ce brave Nicolas a connu quelques déboires !
La Réforme abolit la vénération des saints, Nicolas est donc banni avec ses confères. Seuls les protestants hollandais conservent la tradition qu’ils emportent avec eux en Amérique.
Ce sont les hollandais et même Peter Stuyvesant (bien connu des fumeurs) qui ont fondé New York en achetant Manhattan aux indiens.
Quand les anglais s’emparent de la colonie, les enfants anglophones envient les cadeaux que leurs petits camarades hollandais recevaient de Sinter Klaas, le nom hollandais de Nicolas devenu Santa Claus qui est toujours celui du Père Noël dans les pays anglo saxons.
Mais pas question pour les protestants anglais d’adopter un saint évêque catholique !
Ainsi la visite secrète est déplacée la veille de Noël, de ce fait totalement incluse dans l’ensemble de la fête et Nicolas remplacé par un personnage qui associe les traits du Père Noël populaire en Angleterre, ceux de « Weihnachtsmann », ceux de Thor et enfin de St Nicolas.
Nicolas est vêtu de blanc, Thor de rouge, le Père Noël est rouge et blanc.
Mais Nicolas n’eut pas de misère que des protestants.
L’Eglise catholique devint méfiante à l’encontre de la vénération dont il était l’objet. Il a pourtant été officiellement canonisé bien que non martyr, contrairement aux habitudes de l’époque, tous les martyrs devenaient saints.
Certes, on a peu de renseignements historiques fiables sur le personnage, mais d’autres plus douteux sont vénérés !
L’Eglise orthodoxe le vénérant particulièrement, y aurait-il comme une volonté d’effacer la concurrence ? Cette Eglise doit l’abandonner aussi mais sous la contrainte du régime communiste !
Toujours est –il que le Concile Vatican II le retire du calendrier des saints sous le prétexte qu’aucun évêque catholique romain de ce nom n’a existé et (surtout) que les légendes qui l’accompagnent ne sont pas d’origine chrétienne et viennent de traditions païennes.
Ca, je le savais pas, j’aime bien St Nicolas ! Et s’il fallait virer des pratiques, vénérations et traditions chrétiennes tout ce qui a le moindre relent de paganisme, resterait plus grand-chose, puisque beaucoup de ces traditions et pratiques sont piquées aux païens !
Et Vatican II c’est en 1969 !!!
Cette décision vient aussi probablement d’une identification trop importante dans l’esprit des pratiquants de St Nicolas au Christ.
L’Eglise catholique tentera d’ailleurs d’appliquer la même sanction au Père Noël, avec aussi peu de succès !
Dans sa tournée, St Nicolas est accompagné d’un esprit diabolique le « Croquemitaine » héritier des mascarades archaïques et chargé de punir les enfants désobéissants. On retrouve le double maléfique, et l’idée que les gentils sont récompensés, les méchants punis, la morale est sauve !
Car on peu toujours traquer les mythes, ils sont résistants et perdurent en se transformant. Cette résistance vient de ce qu’ils font partie de l’imaginaire collectif, sont fondateurs, même si les gens qui les perpétuent à leur façon n’en ont pas conscience.