La terre promise

La terre promise


la nuit possède ses deux heures
(alors je n’écoute plus le jour)
elle permet l’avant-première

qu’est-ce qui compte vraiment
un bourdonnement nerveux en toi
sur la table l’énergie intacte
du sacrement de mortalité

tu entres dans le bruit
- j’aime t’observer –
tu touches les gens par tes pensées sur tes proches
remuant sans savoir le sérieux
tu ne vois pas les amoureux
parmi des feuilles bien remplies
- calcul du manque

tout est ressemblance

la vie tourne dans le désespoir
d’une mère heureuse en dépit de l’adversité
sur le fond sombre d’une fenêtre rougeoie une cigarette
retouche de fatigue

des chaises de solitude
plus tristes que la pièce elle-même
les pieds dans la bassine
le soulagement
sur la terre promise
tu as édifié ta maison

Je ne sais pas pourquoi, sans doute parce que cela fait un moment que je ne t'avais pas lue, mais je te trouve un peu changée. Et ton style aussi, bien que je reconnaisse Solweig.
Ce poème, énigmatique, touche au surréalisme à mon avis sur la fin. Je trouve une côté très visuel, très pictural même à ton texte. C'est à la fois étrange et poignant.
J'avoue avoir eu un peu de mal à rentrer dedans, il semble avoir été tellement écrit pour quelqu'un que j'ai l'impression de m'immiscer dans quelque chose d'intime.

Je trouve aussi ce poème énigmatique. Impression d'arriver dans une pièce et que tous se figent. Il se passe quelque chose de fort qui m'est extérieur...
Il y a un silence et je m'éclipse en disant "pardon".
Peut-être la force de cette poésie tient-elle à cela ?

On a l'impression du temps arrêté. On a l'impression d'entrer dans la cuisine, et d'entendre au ralenti le tic-tac de l'horloge, et le silence entre deux êtres, et entre la table et l'évier, les pensées amères qui se promènent .

J'aime.

Les détails disent, mais avec retenue. Ils ne sont pas choisis au hasard. Ce sont les pièces à conviction de l'oeil témoin qui veut rester pudique et suggérer plutôt que livrer la nudité de ce qu'il perçoit. C'est du Solweig, aimante et retenue. J'aime malgré ce qui peut paraître de l'hermétisme. Il y a des couleurs et des parfums.

Merci pour vos impressions... cela me donne envie de
revenir. Il est vrai que j'écris différemment, parfois allant loin dans une
autre dimension, parfois me balançant sur la lisière de la réalité mais toujours un pied sur terre.

Juste pour expliquer – mes poèmes sont des mono-dialogues (sic !)
entre moi et moi ou une personne indéfinie, un amalgame aux plusieurs traits.

Ce sont des sentiments qui hurlent, des témoignages qui s’emmêlent avec l’irréalité - dans des métaphores. D’où cette impression d’énigmatique ou d’hermétisme.
Je pense qu’en y entrant, on trouve des endroits bien familiers et des situations qui ne sont pas étrangères à nous tous. J’espère en tout cas.
Cordialement Solweig