Seule, les coudes posés sur mon balcon, j’observe un couple en bas dans la rue.
Souriants, enlacés.
Ils échangent des rires et des gestes amicales.
J’essaie d’entendre ce qu’il disent mais ils ne font que rire et se taper les mains comme des joueurs qui gagnent à chaque fois.
Je les envie pour ce rire qui a longtemps bercé mon enfance, ils sont si heureux et si proches de moi.
Je désire tant à leur parler que j'évite de faire du bruit pour ne pas les déranger.
Mais aucun n’a le souci de deviner ma présence.
Au moins une fois, une seconde seulement.
Et comme à mon habitude, je me suis mise à tousser exprès espérant d’une seconde à l’autre qu’ils peuvent nonchalamment poser leurs yeux sur moi.
Je suis trop près pour leur dire bonjour.
Mais en vain ils sont si occupés qu’ils font semblant de ne pas s’apercevoir que vibre un monde. Au-dessus d’eux. Il y a plein de signes. Lumière d’hiver, pots de fleurs aux balcons.
De toute évidence ils sont amoureux l’un de l’autre.
Je le vois dans leurs yeux.
Je sais que bientôt ils me verront.
Dans toute conversation il y a des blancs dans lesquels on tombe par hasard...
Je serais trop près pour les saluer et entrer dans en conversation
Entre temps l’homme a disparu je me figure voir une urgence dans sa démarche.
Puis la femme hausse ses épaules et pivote sur ses talents.
Elle part en sens inverse.
Son ombre balance devant elle comme un mendiant aveugle.
C’est bizarre ! Qu’ y est-il arrivé entre eux ?
Plus d'une réponse brûlante a été imaginée.
Mais je n'en sais rien au juste. Quelque chose a pu arriver.
Quelque chose a dû arriver.
Je n'en sais rien et le désir creuse encore dans le vent dans la roche. Plus près. Plus loin.
Dans les brouillons de l’existence.
Me détournant du couple je m’aperçois qu’il neige et sur les toits et dans mon cœur.
En pensant à ma question je rougis de honte.
Je ris de moi-même quelques secondes
C'est comme si j'ai perdu la mémoire.
Le couple a pris toute la place de du village, ayant effacé tous mes souvenirs.
Je ne puis m’étonner
S’il s’est installé dans ma vie, simplement, discrètement, sans même lever les yeux vers moi.
Pourtant j’étais dans le creux de leur rire il y avait des bords.
Il y avait aussi des arbres et le temps n’était pas assez ensoleillé.
Je ne comprends rien.
Pourquoi toi ne renais-tu pas comme un reflet de néon, sur mes pupilles?
Pourtant je te rêve sans répit presque sous hypnose, derrière la vitre tu brûles comme un cierge de paque.
C’est dur, tout d’un coup, mon cœur est lourd, et j’ai mal à la tête.
Heureusement une forte tempête s’annonce sur Ain-defla, et j’espère qu’elle va rincer mon cerveau de toutes ces idées romantiques.