Il ne faut rien

Il ne faut rien que les temps insalubres
Qui poussent l’herbe des folies légères
Vident le trop plein de l’outre qui mue
Et vont vers ces contrées d’indifférence.

Ouvrant leurs ailes en rêves de terre
Ils se font nombre et traversent nos pas
Sur les sillons de nos corps amoindris
Égarés dans les brumes de l’ennui.

Leurs voix se faisant anges salvateurs
Ils ouvrent l’aube en nous ôtant le voile
Rongé dans notre volonté d’oubli
Par le noir de nos forêts de verdeur.

Par ce réseau de fils tressés de mots
Sur lequel passent des éclats de vie
Ils couvrent d’une glaise originelle
Notre matière en transparence mat.

Au jour de ces chants embrasés de morts
Recouverts par de noires infamies
Ils ne sont plus que le tapis de peau
D’un linceul où s’ouvrent nos souvenirs.

Par ce gris d’un passé en chants d’oiseaux
Ils ouvrent la fenêtre des silences
Et pèsent sur le blanc de nos regards
Pour nous montrer le chemin de la vie.

Je suis toujours enchantée par tes poèmes mélodieux et riche de sens.
J'ai juste un bémol pour l'avant-dernière strophe : "... ces chants embrasés de morts/desquels poussent...". Je n'aime guère ce "desquels", qui ne sonne pas très bien à mon sens.

Constance, je te l'accorde "desquels" n'est pas des plus mélodieux. Au départ ce devait être "sur lesquels"... Mais alors j'avais un vers de 11 pieds.... C'est ma seule contrainte, car je ne sais écrire, très rarement sans, qu'avec des vers aux pieds identiques...

C'est peut être un peu trop classique mais c'est ma façon d'écrire

J'avoue avoir en vain cherché à supprimer ce desquels...

Et puis à lire ta remarque, comme quoi cela a toujours du bon, voilà ce qui m'est venu :

"Au jour de ces chants embrasés de morts
Sur qui poussent de noires infamies
Ils ne sont plus que le tapis de peau
D’un linceul où s’ouvrent nos souvenirs."

Qu'en penses-tu?

Ce n'est pas absolument parfait, mais d'abord je ne trouve rien de mieux, et ensuite c'est vraiment plus harmonieux comme cela. Donc oui, je préfère ta dernière version.

oui ce n'était pas absolument parfait

aussi je préfère :

Au jour de ces chants embrasés de morts
Recouverts par de noires infamies
Ils ne sont plus que le tapis de peau
D'un linceul où s'ouvrent nos souvenirs..

Je ne l'avais pas remarqué celui-là !
Sombre et clair à la fois, comme si la clarté ne pouvait surgir que des zones obscures.
Il est vrai que les vers comptés sont plaisants à lire !

Je vois que tu as réussi à rectifier le vers qui posait problème.

Absolument ! C'est très bien comme ça.