MON CŒUR DANS UN CACHOT SCELLÉ

MON CŒUR DANS UN CACHOT SCELLÉ

Dans le gouffre du temps
Qui s'emballe et déraille
J'ai plongé une main
Après l'autre
Et tout le corps a suivi
Lesté d'une pierre assassine
Claquemurant mes pensées
Dans un cachot scellé
Et mon cœur s'est perdu
Au milieu de vaines querelles
Vindictes inutiles
Et chirurgies funestes
Qui amoindrissent la cervelle
À coups d'anesthésiants
Vous enferment la tripaille
Et vous plaquent l'égout
En couvercle de cercueil

Je suis morte à l'intérieur
Même si je respire encore
Quelques larmes
Dans un désert sucré
De souhaits de bonne année
Et-surtout-une-bonne-santé
Mais nom de dieu qu'elle aille se faire sauter
Ça fait déjà longtemps qu'elle a déménagé
Je fais avec ce qu'il reste
C'est moche, ça pue et ça fait mal

Et quand je noirci un coin de feuille
Y a que ces mots là qui sortent
Et quand je me laisse penser
J'ai juste envie de tout laisser tomber
Pour arrêter l'hémorragie
Mourir pour ne pas mourir en pire
Parce que vivre sans se marrer
Sans air dans sa misère
C'est pire que de mourir

MOURIR de ne plus peindre
De ne plus voir, sentir entendre
Épeler appeler chanter crier chuchoter
Mourir de ne plus enseigner
Détricoter les liens
Les abandonner
Sans autre raison que plus d'envie

Mourir du peu de regard
Qu'il me porte
Mourir par la perte de son désir
Qui fut pourtant si dru
Assassinant le mien
Devenu si timide
Et ne me voit même plus

Mourir pour ne plus subir la mort
De ceux qu'on aimait tant

Mourir
Oui
Mourir
Serait peut-être
Serait sûrement
Équivalent
À cette vie non-vie
qui s'accroche à ma peau
À mes os à tout ce corps
Qui décore ce reste de vie
Et enterre mon âme
Alors plutôt mourir si
C'est pire

Cathecrit, 05 et 10/01/13

Guide Nombre de messages : 600 Age : 61 Date d'inscription : 23/11/2009

Fffff, c'est dur. Ca me rappelle certains coups durs ... J'en ai aimé le ton général, les petits coups de gueule intercalés (: Et-surtout-une-bonne-santé ^^).
J'espère juste que ce n'est pas trop autobiographique car de tels mots sous la plume de quelqu'un si joyeux malgré tous les coups durs, ça fait peur et ça fait mal ...
Je t'embrasse !

Prophète Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007

Je ne pourrais dire mieux que Nighty.
C'est très dur, même s'il reste cette touche d'humour grinçant, un peu désespéré.
Je vais te dire un truc. J'ai eu un collègue, un homme formidable, d'une culture et d'une sensibilité rare. Il a eu un cancer du colon. Je peux te dire que ce n'était pas très drôle, plus d'une fois on a du le ramener chez lui parce qu'il se vidait de son sang.
Il souffrait atrocement, par moment, malgré la morphine.
Il m'a raconté qu'un jour, seul dans sa salle de bain, alors qu'il pissait encore le sang, il souffrait tellement qu'il s'est dit que si ça ne partait pas au matin, il se tuerait pour ne plus endurer cela.
Mais en fait, il a tenu le coup.
Je l'ai vu avec des hauts et des bas, je l'ai vu encore le visage tiré, sous morphine, supporter des douleurs terribles.
Mais il s'en est tiré. En fin de compte.
Tu passes un très bas.
Je ne peux que t'encourager à passer ce très bas.
On ne peut donner aucune leçon ni faire aucune morale à une personne qui souffre ainsi dans son corps.
La douleur est une chose impossible à comprendre tant qu'on n'a pas ressenti cette atteinte profonde et cette usure de tout son être.
Juste quelque chose, parfois, nous permet de surmonter.

Maître Nombre de messages : 1359 Date d'inscription : 04/02/2009

Je n'ai rien à dire de plus. On ne peut qu'accepter ces mots... ce serait insensé de les taire. Les maux justifient leur légitimité et je m'incline et je t'embrasse... il y a toujours des bras grand ouverts qui attendent quelque part.

Mon dieu , j'avais répondu longuement et remercié mais tout s'est effacé. Jreviendrai demain alors, désolée plus le courage et trop mal......

Bien sûr que c'est autobiographique Nighty, je ne sais pas tellement faire autrement.
Et ça sort quand les douleurs, morales ou physique, sont trop dures.

La douleur, je vis avec depuis quelques années. Elle passe me voir chaque jour, souvent au moment où je m'y attends le moins, au moment où je ne pensais plus à elle, au moment bien sûr je me sentais bien, libre, au moment où je laissais mon humour déclencher l'hilarité et elle suspend mon rire pour en faire une grimace.
Je les connais toutes les douleurs les insidieuses, les lancinantes, les sournoises, les éclatantes, celles qui vivent cachées la plupart du temps et éclosent brusquement, celle qui bat la mesure, piétine celle du poux et épuise la volonté, celle fulgurante qui ne fait que passer et dont on sait qu'elle repassera, et celle qui survient brusquement avec une violence tellement inouïe qu'elle annihile toute pensée, toute action.
La douleur s'apprivoise, il faut la travailler longtemps et apprendre à faire avec. Sauf qu'il y a des soirs....
Et puis, la douleur est souvent accompagnée de la peur puisque la douleur est là pour nous signaler un problème... Alors quand on sait de quoi il s'agit et que le corps médical vous dit qu'il ne sait pas quoi faire et qu'on devra continuer comme ça.... Cela donne une perspective du futur assez funeste.

Heureusement, mon foutu merveilleux caractère reprend toujours le dessus, la plupart du temps !

» A tes battements mon cœur
» Le cœur cousu à l’envers
» Voyage au cœur de la mère atomique
» Dans le lit d'une femme
» Je t'ai dans le sang.