Elle a ce presque rien d’ennui, immobile, en son marbre blanc, aux vents des jardins trainant les saisons.
J’aime la regarder au soir venu ; ainsi la solitude se fait plus sage.
En son éternelle pose, bien plus que nue, elle montre son âme, son cœur semblant battre sur ses tempes roses.
Quels songes t’emprisonnent ? Est-ce ce rêve fou dont le temps consume l’ardeur, ces amours qui toujours durent, dont toi seule connait les dessins ?
Ce soir j’ai mis un piano lent au sillage de mon regard.
L’entends-tu étourdir le silence et danser comme les brumes d’octobre ?
Il fait si froid tout à coup et ton visage est si pâle qu’il en retient les sanglots de la nuit.
Dis-moi, où serons-nous demain, dans ses bras d’insomnie, quand le jour ouvre les fenêtres de l’éphémère.
Te rappelleras-tu des nuages qui mettaient les voiles, chargés de rêves, de ce passant sans regard qui, de ses pas, martelait le temps. Te rappelleras-tu de nos ombres enlacées, ces filles de l’oubli se perdant à jamais, les plaintes incessantes du vent écartelées sur tes flancs nus. Je reviendrai, sois en sûre, à la dernière gorgée de vie ; tu seras toujours là, enfouie en tes rêves, te moquant du temps qui toujours va. Je reviendrai consolé enfin, sur ta couche épouvantant nos automnes, peu importe l’heure, au diable toutes les horloges, l’aube remplie de mensonges, ce crépuscule portant tous les deuils. J’irai vers un dernier écueil, ma tombe sera la blancheur de tes reins, le velours de ta poitrine, tes lèvres baignées de fièvre où se mire le désir. Je reviendrai pour une étreinte, sous des pilastres de lune, à la morsure de ta bouche. Tu gémiras, absente, mais je t’entendrai, je t’entendrai comme la vague et son écume, O extase, qu’importe notre temps vêtu de haillons, qu’importent nos vertus, nous serons bien plus que morts, nous serons vivants.