DORYPHORES Ou MÉMOIRES D'UNE FUTURE DINGUE
Papillonner dans ma mémoire
Ou il fait nuit depuis longtemps
Dans mon crâne
Quelque chose est resté allumé
Ce sont mes doryphores
qui m'obstruent la pensée
Trublions atmosphériques
Mordorés exponentiels
Comme un théorème
que l'on aime
Quelques doryphores interstellaires
Simiesques épileptiques
s'envolent et me volent
mes neurones
les survolent tels des drones
Je les observe
Du fond de ma cervelle accidentée
Mais efficace
Et pugnace
Acidulée
Le plus souvent
Ils se baladent autour de ma mémoire
Et ça travaille et ça bataille
Hélas ça braille carrément
De joie ou de terreur
Un coup d'aile quelques neurones en moins
Trop de casse dans ma calebasse
Alors j'oublie
Pourquoi je m'étais levée
Je me déplie
J'oublie mon lit ce que j'y fais
Debout dans les couloirs de ma mémoire
Je cherche l'aile irisée de mes doryphores
Qui me dévorent et s'amusent
Au son de mes cris hérissés
Au croc du boucher
Je suis exsangue de l'oubli perpétuel
Fatiguée des pauses et des silences
dans ma tête
À tue tête
J'ai trouvé du papier pour tracer
Tous ces milliards de maux
Passer le temps
En perdre pour m'aimer
Un jour
Un peu
Un peu plus
Reboucher mes trous de nuit
Et m'enfuir joyeuse
Au chemin de journée
Trouvé parfois un clavier
J'aime
Mes doigts y galopent
comme avant
Mais doublent clic
Triples clic
Pourquoi
Je ne sais pas ou j'ai mis ça
Cliquetis dans mes neurones
L'info ne passe plus du cerveau
à mes doigts qui dégoulinent
Et s'exterminent en cicatrices
Comme un supplice tyrannique
Comme un cantique hystérique
Autour d'un chant furieux
Émulsionner ma peur
Au hasard d'une perte
de vue ou de compréhension
Engluée perfusion
S'estropier la pensée
Pour ne plus y penser
Clic
Clic-clic effacer clic-clic
Toute la nuit pour écrire ça
Ils croient que je traine exprès
Que j'me cache tout le temps
que j'disparaîs au mauvais moment
Alors que moi
Je cherche juste
Ou sont mes doryphores
Et mes neurones aphones
Qui perdent tout contrôle
Puis alors y s'battent
Y s'débattent y s'abattent
et moi
Je m'endors
Sans effort
Sans souvenir
Lorsque le jour paraît
Et je m'en vais
Percuter l'horizon
D'une sensuelle oraison