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 Autour d'un banc

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Cathecrit
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Cathecrit


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MessageSujet: Autour d'un banc   Autour d'un banc Icon_minitimeSam 21 Juil - 5:33

AUTOUR D’UN BANC
De Cathecrit
Avril / mai /juillet 2007


Un homme est assis sur un banc et semble attendre on ne sait quoi. Une femme s’approche et décide de s’asseoir.

Silence.

Tous 2 s’observent un moment, Lui en coin, inquiet, Elle franchement, désireuse de communiquer.





L - C’est un bon jour pour sortir…

Lui - Bonjour

L - Ah, oui ! Bonjour !

Lui - C’est ça

L - Vous voulez dire que c’est un bon jour pour vous…

Lui - Ca dépend

L - Bien sûr ça dépend d’un tas de choses, mais déjà s’il fait beau…

Lui - Le temps ne fait rien à l’affaire…

L Sortant de sa rêverie - Ah, vous faites des affaires, vous êtes dans le commerce ?

Lui - Hein ? Mais qu’est-ce que ça peut vous faire ? Je ne vous demande pas ce que vous faîtes là moi !!

L - Bien sûr… Enfin je vous l’aurais dit. Je peux vous le dire…

Lui amer – Pas la peine (à part) Pour ce que ça m’intéresse…

L - Je suis sortie parce qu’il fait beau et que c’est une raison suffisante malgré tout……

Lui l’interrompant - Il fallait que vous me le disiez quand même !

L souriant calmement - les soucis qui m’assaillent.

Lui - Moi aussi j’ai des soucis figurez-vous !

L - Vous savez, j’ai toujours eu l’âme d’un Saint-Bernard alors si vous voulez en parler, ne vous gênez pas.

Lui - En parler à une inconnue, à quoi voulez-vous que ça me serve ?

L -C’est justement parce que je suis une inconnue que vous pouvez me dire ce qui vous pèse.

Lui agacé - Qu’est-ce qui vous fait dire que ça me pèse ?

L -Eh bien, les soucis, en général, ça pèse……( pour elle-même) Surtout aux hommes.

Lui moqueur : Bien sûr, les femmes sont mieux que les hommes. Elles font face, elles. Elles supportent

L - Oui, elles supportent parce qu’elles en parlent.

Lui (pensif) : Transpercé. Elles m’ont transpercé.

L - Mais non, puisque vous n’êtes pas mort.

Lui - Vous trouvez que j’ai l’air vivant ?

L - Eh bien, je trouve que vous parlez beaucoup plus que ne le ferait un mort !

Lui (furieux) - Votre humour est détestable ! Taisez-vous donc!!!

Elle - Mais il vous fait parler, il vous anime.

Lui - Vous ne savez rien de ce qui m’anime …

L - En effet. Pourtant, c’est à cause du mal que vous vous donnez pour montrer votre souffrance que j’ai réagi.

Lui (vexé, fataliste) – Elle se voit sans que j’y fasse rien

L (plus vive) - Alors vous croyez que la souffrance et les malheurs se voient forcément sur celui sur qui ça tombe ?…

Lui - (soupirant) Oh ! vous me saoulez…

L - Non. Mes paroles vous touchent là où ça vous fait mal.

Lui - Foutaises ! Comment les parole d’une inconnue pourraient-elle me toucher ?

L - C’est parce que j’ai ressenti votre souffrance avant même de vous avoir parlé. C’est ça qui vous touche.

Lui - Je ne veux plus être touché par rien ni personne.

L - Mais ça se fait malgré vous. Votre volonté ne peut vous empêcher d’être touché juste au moment où vous vous sentez comme mort. La vie s’accroche parfois ou on ne l’attend pas. Je le sais, ça m’est arrivé.

Lui mi-amer, mi-touché - Vous êtes toutes pareilles : il faut toujours que vous arriviez finalement à placer ce que vous vouliez dire au début…

L - C’est juste pour vous aider.

Lui - Mais qui vous dit qu’je veux de votre aide ?

L - Eh bien, déjà le fait que vous répondiez à chaque fois montre combien vous avez envie de communiquer.

Lui - Si je vous répond, c’est simplement parce que, jusqu’ici, mes silences n’ont fait fuir aucune femme.

L - Vous avez de la chance : beaucoup ne supportent pas. Et moi je préfère entendre votre humour plutôt que votre défaitisme.

Lui - Oui, l’humour noir, c’est tout ce qui me reste.

L - Non, il y a le défaitisme qui est quand même mieux que le désespoir…

Lui - Et si je cachais mon désespoir derrière le défaitisme ?

L - Non, vous n’auriez pas autant parlé. Ca ne vous amuserait pas.

Lui - Vous croyez que ça m’amuse ?

L - Oui

Lui - Vos oreilles vous jouent des tours.

L (hilare) – C’est ça ! Mes oreilles et votre langue se jouent des tours !! Allons reconnaissez que nos joutes verbales… Cette dérision, tout cela, vous amuse plutôt au fond…

Lui (s’ouvrant enfin un peu) – C’est vrai, oui, du fond où je suis, cela m’amuse quand même depuis 5 minutes. Pourtant, je ne souhaitais pas vous parler.

L - Vous savez, ce qu’on se souhaite n’est pas toujours le mieux pour nous. Et puis parler, c’est pas un truc d’homme en général. Il faut vous y forcer gentiment.

Lui - Et dans ce domaine, vous êtes médaille d’or !

L - Et vous, c’est quoi votre domaine ?

Lui (songeur) – L’image… Mes yeux voient aussi bien que vous parlez ou plutôt que vous amenez à parler.

L - Alors, vous sauriez m’amener à mieux voir ?

Lui - Je crois oui. J’ai reçu de mon père le don d’observation. Enfin je l’avais avant.

L - Avant vos soucis ?

Lui -Avant mes malheurs… Avant, je voyais tout plus beau qu’en réalité. Aujourd’hui, c’est l’exact contraire.

L - Eh bien moi, je demande à voir…

Lui - Voir quoi ?

L - Montrez-moi comment vous voyiez et je vous dirai si c’est moins beau qu’en réalité…. Ou si c’est pareil.

Lui - impossible. Je ne sais plus voir comme avant.

L - Dîtes-moi une chose : est-ce qu’avant que j’arrive vous auriez cru possible de parler ainsi à une inconnue et encore plus de s’amuser comme vous l’avez reconnu ?

Lui - Non, je n’y crois toujours pas.

L - Pourtant c’est arrivé.

Lui - Oui

L - Alors si vous essayez vraiment, vous arriverez peut-être à me montrer comment vous voyiez avant.. ?

Lui - …

L - En tout cas, ça coûte rien d’essayer. On ne vous attend pas.

Lui - Personne ne m’attend plus depuis.

L - Si j’avais su que vous existiez, moi, je vous aurais attendu. Et d’ailleurs, j’attend.

Lui - Quoi ?

L - Montrez-moi comment mieux voir.

Lui - ….. (soupirant) D’abord, il faut vous taire. Longtemps. Vous croyez que vous pourrez ?

L - Alors parler empêche de voir ?

Lui - De mieux voir. Je peux vous le prouver si vous ne dites rien pendant 2 minutes. On essaie ?

L - Hin hin.

Lui - Bien. Alors d’abord, il ne faut pas voir, mais regarder. Nos yeux voient tout, mais on ne regarde que ce qu’on veut. Parce qu’on choisit. C’est pareil pour l’ouie : on entend tout pêle-mêle mais on écoute que ce qu’on choisit d’écouter. D’ailleurs, lorsqu’on cesse de parler, longtemps, on regarde et on écoute mieux…. Là…. Laissez vos yeux s’habituer….

Silence d’une minute…

L – Quant est-ce qu’on se sent prêt ?

Lui - C’est trop tôt. Je vous ai demandé de vous taire 2 minutes. Au moins 2 minutes…

L - Mais vous ne m’avez pas dit quelle technique utiliser…

Lui - Pour vous taire ??

L - Non, pour savoir quoi regarder… quoi écouter…

Lui - Il n’y a pas de technique. On se laisse seulement envahir par les émotions et on voit ce qu’on ne regarde pas d’habitude. On entend ce qu’on n’écoutait pas. Un temps. On respire même des odeurs qu’on a jamais senti…

L – C’est très beau ce que vous dîtes.

Lui – Ce sera encore plus beau si vous arrivez à ne rien dire…

L- Suivant son idée, c’est émouvant.

Lui – Mais vous ne savez pas vous taire.

L – C’est vrai, je ne sais pas.

Lui – Vous avez la manie de remplir le vide par vos paroles.

L – Réfléchissant, C’est une explication qui ne m’avait encore jamais traversé l’esprit…

Lui – Votre pauvre esprit… Vous ne lui laissez jamais le passibilité de vagabonder. Du coup, les yeux et les oreilles ne font plus d’effort.

Un petit temps...

L - Et vous, vous pouvez tenir combien de minutes sans parler ?

Lui - Des jours entiers...

L – Merde alors ! Et vous êtes sûr que ça vaut le coup ?

Lui – C’est ce qui m’a empêché d’en finir.

L – Y va me falloir beaucoup d’entraînement…

Lui – Des jours entiers !

Inquiète, Vous aviez dit 2 minutes au début…

Lui – Oui. Vous essaierez plein de fois 2 minutes, puis 5, puis 10. Des jours entiers !

L – Enfin, j’arriverai peut-être à regarder et à entendre comme vous en me taisant moins longtemps…

Lui – ça vous fiche la trouille à ce point de ne pas l’ouvrir ?

L – J’avoue, oui. Et vous, ça vous la fiche bien aussi de parler ?

Lui – J’avoue aussi.

L – Au point que vous vous taisez. Des jours entiers ;

Lui – Des mois entiers !

L – Vous n’exagérez pas un tantinet là ?

Lui – Non.

L – Mais pour faire vos courses ?

Lui – J’ai fini par les faire sans dire un mot. On me connaissait.

L – C’est vrai au fond, ça doit être possible… Et puis parler pour faire ses courses, ça n’est pas vraiment parler.

Lui – Echanger.

L – Tout juste ! je vois que vous commencez à ressentir le plaisir de la communication.

Lui – Sans aucun doute !

L – ça a l’air de vous épater.

Lui – Enormément.

L – Mais pourquoi ?

Lui – Parce que, silencieux parmi les silencieux, je m’étonne qu’à votre simple contact –encore que je suis loin d’être sûr qu’il soit si simple !-, c’est à dire pas plus d’une demi-heure, j’ai parlé plus depuis qu’en une année !

L – Je n’ai pourtant pas de fusil pour vous y forcer !

Lui – C’est que votre enthousiasme fait force !!

L – Oui, on me le dit souvent…

Lui – Et vous pensez pour voir ajouter 2 cordes à votre arc ?

L – Quelles cordes ?

Lui – Celles qui vous rendront l’acuité visuelle et auditive…

L – Ah… Oui bien sûr. Donc, Je dois couper le courant 5 minutes.

Lui – Que non, juste l’alimentation verbale. Mais ne coupez pas le courant : il faut rester plus qu’attentive tout le temps de l’exercice.

L – C’est vrai : pour regarder et écouter, il doit falloir être drôlement attentive…

Lui – Mais logiquement, si vous faîtes vraiment l’effort, vous ne devriez même pas ressentir le besoin de parler.

L – Bon ben si en plus ça ne fait même pas mal, alors…

Lui – Alors lâchez-vous

L – Allez d’accord, j’essaie. En aparté au public : Mais 2 minutes, c’est long pour vous alors aidez-moi en faisant pareil, s’il vous plaît.

Lui – Faîtes-leur confiance, ils ont l’habitude : regarder et écouter, c’est pour ça qu'ils viennent !

L – oui, c’est vrai. Allez hop ! Deux minutes de silence radio. Une pour regarder, une pour écouter ?

Lui – Comme vous voudrez, ou 2 minutes pour faire les deux en même temps.

L – Bien, je commence, vous m’indiquerez quand cela aura assez duré.





Suivent 2 vraies minutes sans dialogue où L observe et écoute tout, décor, sol, partenaire, bruits, lumières, et même les spectateurs des premiers rangs.

L n’hésite pas à s’approcher très près de son interlocuteur pour l’observer et l’écoute, ce qui finit par l’embarrasser et l’amène à mettre fin à l’expérience.
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margo
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MessageSujet: Re: Autour d'un banc   Autour d'un banc Icon_minitimeDim 22 Juil - 15:02

Je l'ai lu d'un trait sans m'arrêter et j'ai aimé la subtilité de cette rencontre... et j'attends la suite!

Margo.
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Cathecrit
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MessageSujet: Re: Autour d'un banc   Autour d'un banc Icon_minitimeLun 23 Juil - 9:52

Merci Margo, j'ai besoin pour continuer de ces avis parce que je n'ai jamais rien écrit de tel et je ne sais pas trop si ça vaut le coup.
En fait, je n'ai eu que 3 avis : le tien, celui de mon prof de théatre et celui très succin de Milou sur OR...
Je suis en train de poursuivre la scène.
A bientôt
Cath
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MessageSujet: Re: Autour d'un banc   Autour d'un banc Icon_minitimeSam 28 Juil - 19:14

Souvent, quand on lit un texte qui nous plait, ce sont aux détails que l’on s’attache :
les phrases qui nous ont fait « tilter » ou un passage qui nous a subjectivement chiffonné pour une raison pas très évidente.


D’habitude, je ne parle jamais trop que de ce qui me plait.


La critique destructrice que certains voudraient faire passer pour constructive ne me dit rien de bon.


Ce qui me touche particulièrement :
-l’attitude des acteurs et leur évolution,
-les répliques fluides qui « sentent » le théâtre,
-les concepts abordés qui s’entrechoquent et s’apportent mutuellement (si l’observation lui donne à « L » ce que sa tchatche lui a rendu à « Lui » en terme d’amusement),
-le jeu verbal dont ils se disputent la victoire à coup de réparties « punchées »,
-ses sentiments à « Lui » dont l’origine reste mystérieuse
-et l’interpellation du public après l’avoir bien ancré dans l’histoire (le clou d’une accroche aiguisée).


Voilà ce qui me parle ! Et à laquelle je ne vois pas de mal à répondre…


Juste histoire de nuancer mon propos.


Ce qui m’a gêné, à vrai dire, au cours de ma lecture, c’est peut-être le sentiment d’une certaine longueur.
Je dis « peut-être » et c’est bien le problème : c’était en fait une première impression.
Première impression que la fin de la scène a vite fait d’envoyer aux oubliettes (parce que bon il y avait une suite !) et que la relecture n’a pas ramené à la mémoire…


Autant dire que je ne trouve plus aucun exemple pour l’illustrer. De la longueur de base, je ne ressens plus qu’une atmosphère.


Ne reste en fait, au fond de la gorge, que cette sensation de manque, cette addiction du spectateur qui se retrouve frustré… Et à raison !


Il est quand même affreux de voir le rideau se baisser sur une scène captivante et de devoir attendre plusieurs jours pour qu’il se relève, non ?


Cependant, j’attendrai.
Je crois que tu l’avais compris.
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MessageSujet: Re: Autour d'un banc   Autour d'un banc Icon_minitimeDim 29 Juil - 2:11

Ma "critique" sera beaucoup moins "constructive" : en un mot comme en cent, j'ai trouvé ça MAGNIFIQUE !
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MessageSujet: Re: Autour d'un banc   Autour d'un banc Icon_minitimeLun 30 Juil - 2:48

Cher Nicko
Ben mince alors !!!
Je suis tout bonnement gloutonnement affairée à lire et relire ton post parce que..... ben, sûr, ça fait plaisir de se voir apprécié, et puis aussi, c'est la première réponse un peu étoffée qui pourra m'aider à poursuivre.
Je fais du théatre depuis 2 ans, mais j'avais fais 8 ans de théatre-chanté avant, et j'aime ça.
C'est la première fois que je me lance dans l'écriture d'une scène de théatre. Donc, je tatonne. Mais ça plaît à quelques uns ça me plaît vraiment quand je l'écris.
Promis, cette semaine, tu auras une suite...
Mais j'hésite à terminer cette scène par une fin, ou de me lancer dans quelque chose de plus long, avec d'autres personnages...
Mon prof de théatre m'a donné l'idée d'écrire plusieurs scènes en gardant l'idée de ces rencontres insolites...
Qu'en dis-du ?
Merci en tout cas pour ton envoi et à bientôt
Cath

Cher Lito,
Oui, c'est court....
Mais, mets toi à ma place ! Tu verras, c'est aussi nettement suffisant !
Donc, pareillement, MERCI
Je me mets à la suite dès... demain
Cath
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MessageSujet: Re: Autour d'un banc   Autour d'un banc Icon_minitime

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