La mémoire du matin, rien d’autre.

La mémoire du matin, rien d’autre.

Devant il y a d’autres vues – des images fragiles comme le sable des dunes, calmes même si le vent s’approche sur la pointe des pieds pour les surprendre.
Le soir tombe, je n’ai presque rien sur la langue, partie loin fouiller l’esprit comme on le fait d’un criminel.
Je suis une plante grimpante, un clochard parmi les poubelles, un animal pris au piège des feux sur la route.
Un visage à la lisière de la mémoire.
L’œil n’appartient qu’à la nuit et au corps.
La pluie tombe sur le sable, pas encore réchauffé.
Elle creuse, sculpte, joue avec les grains, les humains, les destins.
Je sais qu’on est là, ensemble. Je tâtonne mes mots, attentive au regard posé sur la berge.
La pluie des mots, de tes mots. Les mots sur la pluie. Dans l’air bleu, sans nuance du printemps passé.
Les yeux ont même teinte. Tout se noie dans des années qui ne resteront que des années bleues. Mes yeux te réchauffent dans la ténacité de la nuit, sur la bordure de pénombre.
Plus de crépuscule.
Je suis une plante grimpante, accrochée au mur de mes illusions, accrochée à cet amour à mourir. On s’attache à quelque chose.

Qui viendra, qui demeurera, qui donnera une raison d’être.
Je défais ma vie par les branches, dénoue mes nœuds. Autour de moi rêvent des arbres dormeurs. Ils ont cessé leur bruit. La nuit colle à la peau. Et à l’écorce. Je rêve d’herbe fraiche, de ces paroles qui donnent le souffle à la vie.
Qui dissolvent les mensonges couverts de vérité. Des mots naissent dans l’obstination d’amour. Sans motifs des roses ni jardins vides.
Le temps est mort. Il est plat, couché entre nous. Dans les cendres. Nous nous respirons ? Oui ! un souffle dense. Essentiel.
De la poésie.



29/05/08

Alors là, je suis muette, comme un livre ouvert!
De la poèsie, oui. J'aime tout.

J'aurais voulu pointer un passage en particulier, et dire : celui-ci, il est vraiment superbe... Mais je n'ai pas réussi à me décider, parce que tout est superbe! Les images sont particulièrement bien choisies, et les mots coulent tout seuls sous la langue... Eclatant de poésie!

Je reste moi aussi muette devant la force et la beauté pure de ce texte.
Une douleur transparait au fil des mots, un flux si dense, sculpté de vérité et d'absolu, que je ne peux que prendre l'ensemble de ce que tu as écrit là, avec un grand respect.

Ce texte comme une pensée furtive me laisse songeuse...

Il n' y a rien à dire, simplement c'est un beau texte.

La forme est différente mais le fond recèle toujours la même puissance...Je reste admiratif, compliments. LOUP.

"des mots naissent dans l'obstination d'amour..."

magnifique image de ta poésie et aussi de la poésie, à mon sens.
Je partage et te dis merci
Mick

Le temps meurt, mais pas l'amour... jamais l'amour
Encore une fois merci pour le moment fort Solweig

Un souffle dense et essentiel...