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 "Madame, il y a le feu..." chapitre 4

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Cathecrit
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Cathecrit


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MessageSujet: "Madame, il y a le feu..." chapitre 4   "Madame, il y a le feu..." chapitre 4 Icon_minitimeVen 11 Juil - 3:29

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Chapitre 4 : Convalescence


Bon. Me voilà donc à la maison, arrêtée pour des mois. Avec une demi-heure d'autonomie debout, en déambulateur les premiers jours, je dois m'occuper de mes enfants et de ma maison, des courses et du ménage, sans oublier la paperasse.


Heureusement, j'ai ma botte secrète : ma belle-mère, Nicole. Qu'il soit dit ici combien importantes et précieuses ont été toutes les aides qu'elle nous a prodigué, à moi et à mes enfants, et bien sûr à mon compagnon, son fils. Bien sûr, il y a eu quelques petites frictions, le plus souvent de mon fait, précisément, parce que je souhaitais garder le peu d'autonomie qui me restait et Nicole voulait me soulager le plus possible... Bref, elle a été formidable (elle l'est toujours). Et puis on a souvent bien rigolé et je sais qu'elle ne garde aucune rancune des quelques moments où j'ai été désagréable.


Lorsque je retourne chez moi, elle s'occupe déjà de tout depuis que je suis partie à l'hôpital et s'est débrouillée des enfants. Quentin, le plus jeune de mes fils qui va avoir 11 ans est souvent le plus retors ( ce n'est vraiment rien de le dire). C'est un bougonneur ambulant sur pattes doublé d'un fabricant de 'boulettes', mensonges et d'oublis en tous genres, voire même de catastrophes plus ou moins catastrophiques, le tout à une cadence relativement quotidienne ! Alors j'ai beau savoir qu'il prépare sa rébellion, sa crise d'adolescence quoi... C'est souvent dur de garder son calme... Et il m'arrive fréquemment de craquer littéralement (je lui hurle des horreurs en trépignant, au mieux. Au pire, je lui tape carrément dessus, toujours en hurlant d'horribles choses que je regrette d'avoir dites, une fois calmée ).


Et son frère aîné n'est pas en reste, dans un autre style. Beaucoup plus autonome et vraiment débrouillard, il commence à briller par son absence à la maison ( pour cause d'entraînement de handball dont il est fou et de visites chez « les copains »)et a tendance, lorsqu'il nous honore de sa présence, à prendre la maison pour un cibercafé !Bref, ils se comportent comme un pré-ado et un adolescent tout à fait normaux. C'est moi bien sûr qui ne suis pas dans mon état normal. Mais il me faut faire avec et je rame beaucoup et, de plus en plus souvent, je laisse tomber parce que c'est déjà vertigineusement difficile en bonne santé, alors vous imaginez ce que ça peut donner en étant clouée au lit la plupart du temps, beuglant aux murs !


J'essaie malgré cela de garder le dessus sur 2 gosses dont un plus grand que moi, qui me répondent de plus-en-plus vivement et marchent contre moi, bien souvent main dans la main... Oh, ce ne sont pas de si sales gosses que ça. Ils sont juste comme tous les adolescents : égoïstes !


Je ne rependrai donc pas le travail avant l'année scolaire suivante (rentrée de septembre 2005...) ça me peine de laisser en plan ce travail que j'aime car je n'ai jamais eu de si long arrêt. Mais je n'ai pas trop le choix, comme me le dit mon compagnon (qui a été opéré d'une hernie discale en 2001). Quand on est opéré des os, il faut prendre le temps de se reposer, préférer le repos aux antalgiques, reprendre peu à peu une activité physique. Il faut marcher beaucoup aussi. Et là, le principe est simple : il faut marcher chaque jour et si possible, un tiers de plus que la veille. Nous ferons, ma belle-mère et moi quelques belles balades(j'en ferai aussi avec mes fils, mon amoureux et certains amis ou collègues).


Et puis comme je ne connaissais pas le chirurgien qui m'a opéré, je veux prendre un deuxième avis et nous allons rapidement voir le chirurgien orthopédiste qui a opéré mon ami (nous, parce que pour les rendez-vous médicaux on vient en principe à 3, avec le mari et la belle-mère. Bon, on fait un peu délégation, mais face au corps médical, 3 paires d'oreilles s'avèrent bien souvent nécessaires pour, sinon tout comprendre, du moins tout se rappeler). Bien me prend d'aller le voir car il trouve que je me voûte ce qui m'inquiète aussitôt et me rend colère face au chirurgien qui m'a opérée et au service qui s'est occupé de moi après l'opération.


Ce chirurgien me prescrit un corset rigide à porter pour 3 mois. Et puis, je ne devrai pas m'asseoir pendant 6 semaines, mais cela ne me gène pas car c'est ce que réclame mon corps, et je ne vais pas l'en priver ! Une dizaine de jours plus tard, après la prise de mesures et l'essayage, mon corset est prêt. Il est effectivement très rigide mais c'est ce qu'il me faut. Je dois le mettre au-dessus de mes vêtements et ne peut donc me mouvoir correctement. De plus, ce corset attire les regards car il est d'un bleu assez vif, façon jean rapiécé. Pour couronner le tout, il y a une découpe certes bien pratique pour la poitrine mais elle la met en valeur d'une façon particulière... Bon, de loin, ça peut passer -quelques instants- pour un corset sexy (le cas s'est produit 2 ou 3 fois). Mais de près, ça fait juste grosse mémère malade avec son corset de maintien couleur jean (qui fait jeune) pour soigner un truc grave ! Bref, c'est moche dans l'ensemble et du coup, JE suis moche (oui d'accord, c'est ce que je pense, et alors, ça ne fait pas une grande différence ! !

Alors bien sûr, c'est un «truc grave» qui m'est arrivé, mais ça n'est rien comparé à ce que cela aurait pu être : paralysie définitive des membres inférieurs. C'est ce qui fait que je garderai un moral inébranlable, couplé à un indéfectible sourire tout au long de ma convalescence (bon, d'accord, parfois grimaçant lorsque la douleur se rappellera méchamment à mes vertèbres).


Beaucoup de mes proches m'en feront souvent la remarque, comme si je faisais là quelque chose d'exceptionnel... Mais pour moi, c'est naturel. Et puis je me dis que de toute façon, de deux choses l'une : soit je fais une tête de six pieds de long parce que je suis coincée dans mon lit (ce qui revient, petit à petit, à ce que tous ceux qui faisaient l'effort de venir me voir en soient rapidement incapables, tellement ce serait dur de supporter l'humeur allant avec la tête !), soit je supporte la situation avec le sourire parce que, de toute façon, la manière dont je, non, dont on prend les tuiles (on, parce que tout le monde en reçoit, des tuiles) ne les empêche pas de tomber. Donc, autant prendre le package avec le sourire !



Mais ce qui m'a personnellement réellement beaucoup pesé (hormis les affreuses douleurs of course) : c'est le fait de ne plus être autonome ; c'est-à-dire qu'il me fallait quelqu'un (ma belle-mère ou mon compagnon le plus souvent, mais je pense aussi aux infirmières de l'hôpital, à mes enfants, à tous mes gentils visiteurs, bref, à toutes les personnes qui m'ont côtoyée juste après l'opération et qui, bien sûr, étaient ourlés de bonnes intentions), il me fallait quelqu'un donc pour suppléer à mes nombreuses incapacités. Ce qui tout à fait normal, me direz-vous. J'en convient.



Mais ll y a là une complexité qui ne saute pas aux yeux, surtout si l'on n'a pas vécu en vrai l'expression « être cloué au lit ». J'ai sans problème accepté cette aide lorsqu'elle ne me concernait pas directement (s'occuper de mes enfants, faire le ménage, les courses ou la cuisine chez moi par exemple). En revanche, lorsqu'il s'agissait de m'aider à accomplir des gestes quotidiens que l'on fait seul d'habitude (se laver, couper ses ongles de pieds, couper sa viande, s'habiller et plus tard marcher, porter son sac à main, mettre ses chaussures...), dès le début, même si cette aide s'avérait nécessaire et que je l'acceptais volontiers extérieurement, intérieurement je me sentais diminuée, amoindrie, comme si du coup ma personne était niée. Je sais fort bien qu'il n'en était rien mais ce sentiment filtrait toutes mes pensées. Pire encore ont été les moments où, ma convalescence s'amorçant normalement, je suis redevenue capable de faire des choses banales (comme de m'habiller seule ou porter mon sac à main) et que par habitude et avec un empressement qui les rendaient plus rapide que moi, qui faisait tout lentement, 'on' les accomplissait à ma place. Là, ça été difficile parce que j'avais envie d'engueuler ceux qui faisaient à ma place. Et je sais que je l'ai fais quelques fois (pardon à tous ceux que j'ai refroidi du coup)... Je sais bien aussi qu'il était pratiquement infaisable, pour ceux qui m'aidaient, de deviner le moment où je redevenais capable d'accomplir seule tel ou tel geste et de me le laisser faire... Bah, on sait bien que rien n'est parfait en ce bas monde !!

Cela dit, le fait de ne rien faire ou de faire peu me rendait capable d'observations en tous genres. N'oublions pas qu'un malade -qui plus est un malade ayant comme moi ayant du mal à se déplacer- est particulièrement lent. Sans compter que les toubibs en tous genres lui collent une bonne pelletée de médicaments qui le font roupiller plus qu'à son tour (ça m'apprendra à les enquiquiner) ! Du coup, repérant qu'en allant au lit la douleur finit par disparaître avec un peu de patience mais sans antalgiques, je vais souvent préférer y aller plutôt que de prendre des comprimés et autres drogues.


Alors, c'est de moi-même que je vais stopper la prise de morphine, bien que je dispose encore d'un bon stock, ce qui surprendra assez mon médecin traitant qui me dira combien parfois il a du mal à raisonner certains de ses malades qui ne veulent plus arrêter ce type de traitement. Il est d'ailleurs reconnu sur la notice qu'il y a un effet d'accoutumance lié à la prise régulière des gélules.


A suivre : la 2ème partie du 4ème chapitre


Dernière édition par Cathecrit le Mar 15 Juil - 6:17, édité 1 fois
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Pétaloïde
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Pétaloïde


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MessageSujet: Re: "Madame, il y a le feu..." chapitre 4   "Madame, il y a le feu..." chapitre 4 Icon_minitimeSam 12 Juil - 11:51

Cathecrit, j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce morceau de chapitre, j'attends la suite avec impatiente.
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Farouche
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MessageSujet: Re: "Madame, il y a le feu..." chapitre 4   "Madame, il y a le feu..." chapitre 4 Icon_minitimeSam 12 Juil - 18:30

J'ai trouvé d'autant plus d'intérêt à ton texte que je viens de finir "le scaphandre et le papillon" de JD Bauby (atteint du locked-in syndrom).
comme Pétaloïde, j'attends la suite Smile
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constance
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MessageSujet: Re: "Madame, il y a le feu..." chapitre 4   "Madame, il y a le feu..." chapitre 4 Icon_minitimeLun 14 Juil - 22:59

Merci de partager cette expérience, Cath...
J'ai été coincée 4 mois pour cause de "réfection de genou" (j'ai un genou bionique, maintenant !), je comprends ce que c'est de se sentir handicapée. Dormir quasiment toute la journée, se déplacer comme un escargot.
J'ai accepté l'aide des autres avec le sourire, je n'avais guère le choix, mais je n'ai pas comme toi eu besoin d'eux pour les gestes quotidiens, comme se laver ou s'habiller, je crois que cela fait une grosse différence.
Des moments difficiles. On va plus à l'essentiel après cela, je crois.
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Cathecrit
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MessageSujet: Re: "Madame, il y a le feu..." chapitre 4   "Madame, il y a le feu..." chapitre 4 Icon_minitimeMar 15 Juil - 6:20

Merci pour vos coms qui m'aident en me donnant confiance en mes capacités d'écriture (autres que la poésie).
A celles qui découvrent, vous pouvez retrouver les premiers chapitres sur ma page perso...
Je poste la suite de suite !
Bises
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MessageSujet: Re: "Madame, il y a le feu..." chapitre 4   "Madame, il y a le feu..." chapitre 4 Icon_minitime

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