11/11/08
SAINT MARTIN
I) LE SOLDAT Saint Martin est né en Pannonie (dans l’actuelle Hongrie) vers 316, mort à Cande en 397.
Patron outre Tours de Mayence, Ultrecht et Lucques.
Il est fêté le 11 Novembre, jour de ses funérailles.
Fils d’un tribun militaire originaire de Pavie, son nom signifie « Voué à Mars ».
Il se sent attiré vers le christianisme dés l’âge de 10 ans, ce qui déplaît fortement à son père, lequel le force à entrer dans l’armée à 15 ans (l’âge légal est 17 ans).
En tant que fils de vétéran, il entre avec le grade de « circitor » et une double solde.
Le circitor est chargé de mener la ronde de nuit et d’inspecter les postes de garde nocturnes de la garnison.
Affecté en gaule, c’est à Amiens, lors d’une de ces rondes qu’il partage son manteau avec un pauvre transi de froid. La nuit suivante, le Christ lui apparaît en songe vêtu de ce même manteau.
S’il l’a coupé en deux ce n’est pas par avarice mais parce que les soldats romains payaient la moitié de leur équipement, l’autre étant fournie par l’armée. Il estimait donc n’avoir le droit de donner que ce qui lui appartenait.
Le reste de ce manteau (chape ou cape en latin) sera offert plus tard à la vénération des fidèles dans une pièce qui prendra le nom de « chapelle. »
En Mars 354, Martin participe à la campagne sur le Rhin contre les Alamans (les invasions barbes se préparent et l’Empire doit faire face sur ses frontières de l’Est).
Ses convictions religieuses lui interdisent de verser le sang, mais pour prouver qu’il n’est pas lâche, il se fait enchaîner et exposer à l’ennemi, les barbares demandent la paix !
Il se fait baptiser à Pâques 356 et quitte définitivement l’armée pour mener une vie d’ermite.
II) L’ERMITE Martin rejoint à Poitiers Hilaire qui en est l’évêque.
Son statut d’ancien guerrier lui interdisant d’être prêtre, il devient exorciste.
On est en pleine période de lutte entre la foi classique dite « Trinitaire » tous les membres de la Trinité sont égaux en qualité et l’hérésie Arienne qui nie que le Fils soit l’égal du Père (au motif qu’il n’aurait pu être tué s’il avait une nature divine). Les ariens sont très influents, Hilaire tombe en disgrâce et Martin rejoint ses parents en Illyrie où il parvient à convertir sa mère mais non son père.
Il se réfugie dans une île et mène une vie ascétique jusqu’à ce que les trinitaires ayant retrouvé leur influence dominante, Hilaire soit réintégré et qu’il le rejoigne en 360.
Il fonde un petit ermitage et comme tous les ermites (qui veulent se retirer du mode) est rejoint par des disciples. Ainsi se crée une communauté de moines qui est son lieu d’évangélisation pendant 10 ans.
III) L’EVEQUE DE TOURSProclamé évêque sans son consentement car il n’aspire qu’à la vie monastique, Martin se soumet à ce qu’il considère comme la volonté divine.
Ne souhaitant rien changer à son mode de vie il crée hors les murs l’ermitage de Marmoutier (moustier signifie monastère) où les moines mènent une vie proche de ce qu’on pense être celle des apôtres.
Il vit dans une cabane de bois où il repousse les tentations (c’est bien connu, le Diable adore tenter les saints !).
Et bien que l’autorité de l’évêque soit limitée à sa ville, Martin voyage dans toute la Gaule pour évangéliser, détruire les sanctuaires païens et fonder des églises.
Martin jouit d’une grande influence auprès des empereurs. Il existe désormais une complicité entre le pouvoir de la nouvelle foi et le pouvoir politique.
Un jour, voyant des oiseaux pêcheurs se disputer des poissons, martin explique à ses disciples que les démons se disputent de la même manière les âmes des chrétiens. Et les oiseaux sont désormais appelés : Martin- Pêcheurs…
En 397 (il a 80ans) Martin est appelé à Cande sur Loire pour réconcilier des clercs, il remporte le succès mais meurt le lendemain (sur un lit de cendres comme tous les saints hommes).
Les poitevins voudraient garder le corps, mais les tourangeaux le substituent et le ramènent à Tours où il est inhumé le 11 Novembre.
Une légende veut que des fleurs soient écloses en plein Novembre au passage de son corps (une constante de l’hagiographie). Phénomène qui donne naissance à l’expression « Eté de la St martin » due en fait au passage des vents doux de sud ouest.
IV) INFLUENCEGrégoire de Tours (évêque de Tours jusqu’en 594, auteur d’une Histoire des Francs) dresse une liste des miracles de Martin qu’il fait mettre en vers.
Dés le Vème siècle, Tours devient le premier lieu de pèlerinage des Gaules. Qui ne sera éclipsé que par celui de St Jacques de Compostelle.
Clovis choisi Martin comme seigneur tutélaire des mérovingiens.
Alcuin, conseiller de Charlemagne est nommé abbé de St Martin de Tours et de Cormery, abbayes qui sont les foyers d’origine de la Renaissance carolingienne.
Hugues, duc de France, comte de Paris, Orléans, Dreux et Senlis, est surnommé « Capet » parce que, comme ses ancêtres, il est abbé laïque de St Martin de Tours où est conservé le fameux manteau, la « Capa »
Plus de 236 communes en France portent le nom de St Martin :
« Je suis né dans un p’tit village
Qu’à un nom pas du tout commun
Bien sûr entouré de boccages
C’est le village de St Martin »
François Béranger.
Martin est le nom de famille le plus répandu en France.
Mais, malgré sa popularité, le pauvre Martin a vu sa fête disparaître en France au profit de l’Armistice de 1918.
Après tout, la fin de cette gigantesque tuerie était peut être un miracle de Martin, soldat du Christ.. ?
St Martin partageant son manteau, Cathédrale de Laon.