A la langueur des soirs où tout est monotone, sans le son d’un violon et sans les feuilles mortes, les poètes sont rares à la nuit qui s’étonne d’étioler ses saisons en frappant à nos portes. Et nous ne bronchons pas, reclus à nos désirs et aux festins funestes où la foi s’effiloche, tandis qu’à chaque pas s’éprend le souvenir en chacun de nos gestes et jusqu’au fond des poches.
J’étais de ceux qui rêvent aux instants trop amers où la désillusion s’effrite au temps qui passe, empoisonnant la sève à ces buissons pervers où tu te cachais vite en m’aiguillant d’impasses. Et puis le mot est mort à me laisser serein à mes propres violons, muets par habitude, en crachant sur les morts aux soirs sans lendemain et aux désillusions devenues certitudes.
Alors je me questionne et me perd à raison, à force de languir au pied des poésies où la foi déraisonne en se voulant bastion, quand suffit de mourir à la moindre ineptie. Je vais mourir demain au sablier complice, et le mot sans aigreur aura le point final à mes doutes sans fin et à mes artifices où le chagrin de cœur est bien souvent fatal.