Dans mon habit noir, ô chair secrète de mon âme,
Il est des oiseaux perdus au vol funèbre,
Des pays sauvages, qui de nos pas s’alarment,
Des gouffres immenses jaloux de leurs ténèbres.
Ils vont, fragiles, dans un ciel profond et muet,
Dans les mémoires inertes où nulle chose s’attarde,
Où les regards se figent dans les vents inquiets
Emportant au loin leur silhouette blafarde.
Ils ont des yeux de givre qu’un reflet anime,
Les chants confus et laborieux d’un ciel éteint,
Sur leurs ailes d’argile, des pluies qui lentement s’arriment,
Comme des larmes anciennes murmurant d’âpres chagrins.
Ô chair secrète de mon âme, égaie leur plumage,
Quand le noir et le noir se mêlent à n’en faire qu’un,
Et que sur les cimes il n’est plus aucun ramage,
Aux fenêtres entrouvertes des petits matins.
Approche de cette clarté que des ombres oppressent,
Vois leur vol indécis qui jamais ne s’arrête,
Vois mon âme, ici, dans d’idéales ivresses,
Se courber la nuit sur le front d’un squelette.