C'est l'amour et la mort

Tu es là dans ma peau, comme un coup de couteau
Comme un shoot, comme un speed, transparente et liquide
Tu réchauffes mon corps longtemps après ma mort
Comme un soleil fané, tout blanc et tout rouillé
Et je flotte à l'envers, en attendant l'hiver
Givré de solitude, perdant de l'altitude
Figé dans le silence, contemplant la mouvence
De cet amour fragile qui danse sur un fil

C'est l'amour et la mort, dont je te parle encore
Au-delà du pouvoir, à travers les miroirs
Je crie de ma cellule, je brûle tes calculs
Je fous le grand bordel dans la ronde officielle

Je suis là sur le seuil de ce matin nacré
Les embruns de la nuit à mon cuir accrochés
Les lieux troubles, ambigus, où je brûle ma vie
Ont glissé sur ma voix un voile qui séduit
Rendez-vous à Bahia où l'aigle du Brésil
Est aussi orgueilleux que le puma des villes
Tatouages marins ou chansons des bordels
Je t'emmène en musique vers le rêve éternel

C'est l'amour et la mort, dont je te parle encore
C'est un couple inédit, c'est un destin maudit
Le cri noir du silence dans le désert intense
Un soleil irréel sur un coteau de sel

Dans ce match au finish, où la liberté prime
Sur cette route oblique, sur ce contrat sans rime
Dans ce lit provisoire, ce rendez-vous nomade
Où je reviens m'asseoir, je ris, et je m'évade
Dans ce plongeon facile où tu risques ma vie
Dans cette mer limpide où tout s'évanouit
L'oxygène bleuté de notre indépendance
Sort des poumons soudés par le désir immense

C'est l'amour et la mort, dont je te parle encore
Comme une maladie qui n'est jamais guérie
Un cri inachevé qui ne s'est pas levé
Un numéro précis qui n'est jamais sorti.



Que Lavilliers soit des favoris acceptés en Avallon n'est pas un scoop, mais si cette chanson n'est pas sa pas plus connue de lui, c'est de l'avis de mon machin écailleux , et de la mienne,une des plus superbes que nous n'ayont jamais entendu dans notre lointain Ouest.

Morgane a écrit:

une des plus superbes que nous n'ayont jamais entendu dans notre lointain Ouest.

Je suis d'accord. D'ailleurs j'avais posté justement L'amour et la mort sur OR, c'est bien qu'elle figure ici aussi.

ben mince, je me disais que ce poème ferait une bien belle chanson, et voilà que tu me rappelle qu'elle est de Lavilliers ! et oui !

Véro, tu le trouveras sur l'album "15e round" de Lavilliers (un de ses meilleurs). En intro, il y a "Utopia", un texte qu'il dit sans musique, avec juste en bruit de fond des coups portés sur un sac de frappe pour la boxe. Un texte très fort aussi, et toujours d'actualité malgré ses trente ans.

Bernard Lavilliers
ÉCOUTE


Écoute le passage du sang dans tes artères durcies
Écoute les arbres déplumés qui demandent merci
Écoute l'araignée de ta tête qui réclame son dû
Pour le dérèglement l'alcool et la vertu
L'alcool et la vertu

Regarde la vision des vieux roses dans un enfer violet
Regarde la famille et la mort et la vie qui se tait

Regarde l'homme d'affaires responsable le fric et l'esclavage
Le naufrage de la poésie et de l'image
Poésie et image

Tous ces adolescents passagers du désir
Et les nappes de sang qui faussent l'avenir

Les femmes abandonnées qui chantent un requiem
Aux enfants du hasard et leurs grands yeux brûlés
Et leurs grands yeux brûlés

Écoute tous les mots que je lance me reviennent en plein coeur
Écoute et même le silence ne me fait pas de fleur

Regarde le vieux corbeau bancal d'un noir idéaliste
A bien inscrit mon nom quelque part sur la liste
Quelque part sur la liste

Celle là non plus n'est pas trés connue mais, ici nous l'aimons!

C'est magnifique, je suis bien d'accord, et brûlant.
Je crois que c'est chez toi, Filo, que je les ai découvertes, ces chansons.
C'est d'une force et d'une poésie troublantes.