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| LA JUSTE PAROLE - III - La Révolution | |
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filo Admin
Nombre de messages : 2078 Age : 52 Signe particulier : grand guru Date d'inscription : 06/07/2007
| Sujet: LA JUSTE PAROLE - III - La Révolution Mar 21 Oct - 6:07 | |
| 3ème partie: LA REVOLUTION Ve siècle AC
-1- La conférence- Je jure, sur les Chroniques Sacrées, d’agir, de parler et de guider les hommes dans l’esprit de la Juste Parole. Début du discours d’intronisation du Prêtre Suprême Préthonius travaillait à ses notes en dégustant l’excellente potée que Tabyll lui avait préparée avant de quitter son service. C’était une habitude qu’il avait prise durant ses premières années d’enseignement à l’Académie que de manger en travaillant. La date de la conférence approchait à grands pas, et ses recherches, qu’il s’était efforcé de mener en secret en parallèle avec ses fonctions de professeur d’histoire, absorbaient tout son temps libre. La copie parfaite des Chroniques, du moins des deux premiers livres, Fondations et Le Septième Age, qu’il avait eu la patience de faire lui-même à partir des originaux pendant les deux dernières années, s’étalait un peu partout sur et autour de son bureau. Les deux ouvrages étaient augmentés de tant d’anotations - commentaires et interprétations - que leur volume étaient quasiment triplé. Les révélations qu’il allait livrer au public lors de cette conférence risquait de faire des remous, et de lui attirer des ennemis au sein des autorités religieuses. Mais en tant qu’historien, spécialiste de l’Antiquité et de l’étude scripturaire, son souci de la vérité passait avant tout. Lorsqu’il eut fini sa gamelle, il se leva et la déposa dans la salle d’eau où le vieux chat noir se précipita à sa suite pour la nettoyer. Tabyll la récupérerait le lendemain. C’est à ce moment qu’il entendit quelqu’un monter les escaliers. Personne ne venait d’ordinaire le déranger chez lui, et il était peu probable que Tabyll eût retraversé la ville pour revenir. Il se précipita vers son bureau et rassembla tous les feuillets en une pile qu’il dissimula dans son coffre. On frappa à la porte. C’était Fraden, l’un de ses anciens élèves, désormais adulte, avec qui il s’était lié d’amitié. Fraden était militant. Il luttait contre la monarchie depuis son adolescence, époque à laquelle il avait séjourné en Tillbrande, où le régime démocratique semblait fonctionner depuis presque un siècle, et avec qui la Pancallie était en guerre depuis le printemps dernier. Fraden était le fils du Commandant Meyras qui dirigeait les forces de l’ordre du royaume. Préthonius savait que le jeune homme appartenait au mouvement clandestin visant à renverser le roi Benavan III et son régime soumis aux Justes orthodoxes, et sa présence chez lui l’embarrassait, d’autant plus que ses découvertes sur les Ecritures pouvaient passer pour subversives. “Soirée prolifique, Maître, commença Fraden, pardonnez cette visite tardive, mais j’ai des nouvelles extrêmement graves du front. Ses longs cheveux noirs étaient attachés en une tresse à la mode soghnienne, alors que sa cape beige et son pantalon bouffant lui donnait des airs d’Yskandar. - Fraden, en ce moment j’avoue que je n’apprécie guère de te recevoir chez moi, j’aurais préféré que nous nous voyions au Temple ou à l’Académie, tu es peut-être surveillé et je ne veux pas être mêlé de près ou de loin au mouvement réformiste. - Ne craignez rien, Maître, je n’ai pas été suivi. Et puis il faudra de toute façon choisir clairement son camp très bientôt. Savez-vous que demain, Cythène sera aux mains des forces de Tillbrande ? - Que me chantes-tu là ? Cythène et Tholmé sont imprenables grâce au fleuve. - Il ne faut pas sous-estimer la stratégie des Tills. N’oublions pas qu’ils dominent tous l’est du désert et la Mer Blanche. Si Benavan continue à refuser l’allégeance, je ne donne pas cher de son trône d’ici quelques semaines. - Comme tu y vas ! Mazzin et ton père maîtrisent la situation dans tout le nord du désert et tout le long du fleuve depuis qu’ils coordonnent leurs forces. - Plus maintenant en Cythénie. Croyez-en mes sources, j’ai les moyens de bien m’informer. - Fraden, serais-tu du bord des Tills, à présent ? Serais-tu pour une Pancallie réformée ? - Je suis pour que le peuple gouverne, et non la famille royale à la botte du Prêtre Suprême. Je veux réformer notre système de gouvernement, pas notre système religieux. Par contre, chacun des deux doit rester à sa place. Des remous politiques intérieurs se préparent, indépendamment de la guerre contre Tillbrande. Si les Tills soutiennent ce mouvement réformiste, je sympathiserai. - Mais s’ils avaient une emprise sur la Pancallie, les Tills réformeraient aussi notre système religieux, tu le sais. Tu trahirais les fondements même de la Juste Parole si tu te rangeais de leur côté. - A mes yeux, la priorité est politique. Quant à la religion, je suis plutôt Scientiste que Réformateur... comme vous d’ailleurs, non ? - En ce qui me concerne, je n’ai jamais revendiqué une appartenance ni aux Scientistes, ni aux Réformateurs. - Ni aux Orthodoxes. On ne vous voit jamais au temple, et vous ne portez jamais la Comète au front. De plus, la nature de vos travaux sur les Ecritures pourrait remettre beaucoup de choses en questions, je suppose. - Je n’aurais jamais dû te prendre comme assistant l’année dernière. Tu me fais peur, Fraden. - Rassurez-vous, Maître. Je ne ferai jamais rien contre vous ; je vous respecte plus que ce que vous pouvez l’imaginer. De plus, vos recherches n’ont fait que me conforter dans ma circonspection vis à vis de la religion. A propos, vous allez la faire cette conférence ? - Oui, dans deux jours, je ferai de sérieuses révélations, je n’ai rien annulé, même si le contexte est mal choisi. - Vous risquez de vous attirer des ennuis, et seuls les Scientistes vous soutiendront. Les Réformateurs, pour une fois, seront d’accord avec le Prêtre Suprême. Mais je connais du monde, et si vous avez besoin de mon aide, n’hésitez pas. - Merci, Fraden, mais je ne pense pas me mettre en danger. Au pire, les Justes se moqueront de mes théories, et me mettront au défi de les prouver, et j’en suis pour le moment incapable.” *
Le surlendemain en début d’après-midi, l’amphithéâtre Thurul, le plus grand de l’Académie, était plein à craquer. Le premier rang avait été réservé aux officiels, parmi lesquels le Doyen et le conseil de l’Académie aux trois quarts complet, dont deux professeurs, nul ne l’ignorait, prônaient le Scientisme ; une délégation du Temple, six prêtres en tout dont Mariach, Président du tribunal religieux, grand ami du Prêtre Suprême ; et deux conseillers du Roi, accompagnés de trois officiers de la Garde. Chaque fin de saison, l’Académie de Pamaval offrait à des professeurs, des étudiants ou même de simples individus, la possibilité d’exposer des théories, des inventions ou des découvertes en public lors de ces conférences. Quatre ou cinq conférenciers se partageaient en général l’après-midi. Préthonius s’était inscrit au début de l’automne, sachant qu’il serait prêt à démontrer sa théorie le jour dit. Mais des preuves tangibles lui manquaient. Il passait en premier. Lorsqu’il apparut sur la scène et rejoignit la chaire, sa barbe blanche proprement tressée et son impeccable cape noire bordée de blanc lui donnaient l’air docte de circonstance. L’assistance lui fit une ovation, en particulier l’ensemble de ses élèves qui étaient venus fièrement le supporter. Il se lança, sans laisser au trac le temps de le désarmer. “Que ce jour vous soit prolifique à tous, et que la curiosité, le souci de vérité et l’indulgence animent votre jugement si ce dont je vais aujourd’hui vous entretenir heurte votre conception de la foi et des règles établies. Car le sujet est délicat. Je tiens d’ailleurs avant tout à préciser que mon étude n’a aucunement l’intention de porter atteinte à l’intégrité de la Juste Parole et de la foi de chacun de nous en le Grand Tout, et que j’ai reçu moi-même une éducation conforme à la Juste Parole, que je continue à revendiquer. (murmures inquiets)Depuis deux ans, je me suis penché avec passion sur les manuscrits originaux des Écritures. Bénéficiant de mon privilège de professeur d’Histoire à l’Académie, j’ai pu y avoir accès directement au Grand Temple avec l’accord du Grand Prêtre lui-même. Les papyrus sont en très mauvais état, et leur manipulation est extrêmement délicate ; mais je vous rassure, je n’ai rien abîmé! (rires)Lors de mon étude, j’ai remarqué que les deux premiers livres, les Fondations et Le Septième Age, censés avoir été écrits dans l’Antiquité, c’est à dire à une époque de laquelle très peu d’autres écrits nous sont parvenus, que nous situons en général aux environs de huit cents ans avant la Comète, censés avoir été rédigés sur une durée de plusieurs générations par différents scripteurs, ces deux livres donc, d’après mes observations, semblent avoir été écrits non seulement par la même personne, à l’aide de la même encre, mais de plus, bien plus récemment. (Tollé général: des gens se lèvent, invectivent l’orateur, certains commencent à quitter la salle. Le Président Mariach écarquille les yeux)Laissez-moi continuer, je vous prie ! Je sais que ces révélations sont surprenantes, mais doit-on les rejeter en bloc aveuglément parce qu’elles heurtent nos convictions, ou doit-on plutôt essayer de les comprendre pour mieux les apprécier et ainsi en tirer une conclusion, voire les contredire ? Merci. Lorsque voici plus de quatre cents ans, ces manuscrits sont découverts à peu près à l’endroit où nous nous trouvons, les descriptions des témoins ne manquent pas : des vieux feuillets de papyrus en mauvais état, dont certains sont rongés par le temps, mais ni par l’humidité ni par la vermine. L’écriture ancienne, plus anguleuse et plus “dessinée” que celle de l’époque de la Comète et à fortiori de la nôtre, se détache “parfaitement noire” selon trois des étudiants de Thurul qui étaient présents. Or, cette encre, quatre cents ans plus tard, a déjà subi une décoloration la rendant plutôt marron. Comment se fait-il qu’en huit cents ans, l’encre n’ait subi aucune altération contrairement à son support, et que depuis, en la moitié de cette durée, elle l’ait subie ? C’est la première question que je me suis posée, et qui a éveillé ma curiosité. À leur découverte, tout portait donc à croire que les Écritures semblaient fraîchement écrites, et par la même encre. J’ai alors observé la forme même des signes. A ma grande surprise, il s’agissait de la même écriture, du début à la fin. Pourtant, les sept évangiles eux, qui forcément sont postérieurs à la Comète, sont rédigés par les évangélistes eux-même et sont donc différents : aucune écriture d’un évangile ne ressemble à celle d’un autre. Mais les Fondations et Le Septième Age semblent bel et bien avoir été écrits par la même main - une main de gaucher - et, j’irai plus loin : dans le même style narratif ! (nouveau brouhaha, nouvelles invectives, nouveaux départs)- Maître Préthonius ! hurla Mariach, seriez-vous en train de prétendre que les Chroniques Sacrées sont de vulgaires faux ? - Je vous fais seulement part de mes observations, basées sur des faits. Sur du parchemin on appellerait cela des palimpsestes, il s’agit ici de papyrus. Il est vrai que ces résultats tendent à supposer... - Blasphème ! cria le président, et le mot fut repris par plusieurs personnes derrière, nous en avons assez entendu ! Gardes !” Toute l’assistance était debout. Une grande partie hurlait, deux bagarres éclatèrent dans l’amphithéâtre. Les officiers et leurs hommes chargés de la sécurité s’emparèrent du vieil historien et l’emmenèrent aussitôt, ce qui lui évita de se faire lyncher par la partie la plus véhémente du public. Les Scientistes présents commencèrent à être pris à parti, et durent s’enfuir, car ces révélations les arrangeaient trop pour qu’ils n’en fussent pas complices d’une façon ou d’une autre. Fraden, qui était resté au fond de la salle, ne s’était pas attendu à des réactions aussi virulentes ; il s’empressa lui aussi de se faufiler à l’extérieur, en se disant que le moment était peut-être venu d’agir. | |
| | | filo Admin
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| Sujet: Re: LA JUSTE PAROLE - III - La Révolution Mer 22 Oct - 1:31 | |
| -2- Le dernier jour de la monarchie-
Nous, signataires de ce traité, déclarons ce jour la fin de la monarchie et l’avènement de la république démocratique, suite à l’abdication et l’exil de Benavan III. Notre assemblée, portée par le peuple, a constitué un ensemble de projets de lois équitables, favorisant l’égalité de chacun sans distinction de descendance, de race, de sexe ou de religion, la liberté d’opinion politique et religieuse, le droit au travail, à la sécurité et à l’identité. Chaque habitant de la République de Pancallie, quelle que soit sa condition, s’exprimera par vote pour élire le gouvernement. Le conseil élu s’engagera à voter les lois, à diriger l’état, en servant les intérêts du peuple et non les siens, et en sauvegardant les valeurs de la démocratie. Déclaration constitutionnelle de la République de Pancallie - Jour de l’an 412 - Introduction
Préthonius fut réveillé très tôt par les clameurs qui s’élevaient de la haute cour du palais. L’unique fenêtre de son cachot donnait sur la cour, mais sa hauteur l’empêchait de voir ce qui s’y passait, néanmoins il s’en doutait. Il put seulement constater l’absence du drapeau blanc frappé du symbole de la Comète. Par ses geôliers, il avait suivi dans ses grandes lignes la progression des événements depuis plus de deux mois. Les Réformistes, qui prônaient la démocratie, les Scientistes, qui refusaient le joug de la religion, et surtout les paysans, la partie la plus pauvre et la plus nombreuse du peuple, s’étaient révoltés, profitant de l’absence de l’armée et d’une partie de la Garde, qui combattaient toujours l’avancée inexorable de Tillbrande dans les provinces du sud-est. La garde royale s’était laissé submerger, ou s’était peu à peu ralliée au peuple, et Pamaval se retrouvait en proie à une indescriptible anarchie. Les affrontements entre le peuple et la Garde avait fait beaucoup de morts, et un grand nombre de notables s’étaient fait lyncher et piller. Depuis une dizaine de jours, le palais royal était assiégé et résistait aux assauts désorganisés du peuple. La famille royale s’y réfugiait au grand complet, ainsi que les membres de la cour qui s’y trouvaient au début du siège, et le Prêtre Suprême et ses plus proches collaborateurs. Le peuple avait donc réussi à s’introduire dans l’enceinte. Des bruits de combats, des hurlements, des fracas de portes résonnaient de toutes parts. Préthonius se demandait si tout cela était bon pour lui. Il n’aimait pas le désordre, la fureur et la violence. C’était un intellectuel, pas un homme d’action. Il avait peur. Et s’ils se mettaient à tout brûler, moi avec ?Les cris se rapprochaient, montaient à son étage. Il pensa à ses deux geôliers, avec qui il avait finalement sympathisé. C’était des hommes simples, mais pas méchants. L’un était père de trois enfants qu’il avait peine à nourrir malgré son emploi au palais. C’est lui qui lui racontait chaque jour les nouvelles. C’était peut-être lui qu’il entendait hurler à ce moment précis. Ça courait dans le couloir, ça saccageait tout. Le vieil historien, amaigri et malade, se recroquevilla dans le coin de sa cellule le plus éloigné de la porte. Son cœur battait trop vite, il était essoufflé, il ferma les yeux et attendit. La porte s’ouvrit. “Lève-toi, vieil homme, tu es libre ! Dans un pays libre !” La porte resta ouverte sur le couloir où défilait une cavalcade effrénée de gueux, de paysans et de jeunes citadins fraîchement dévergondés. Préthonius attendit. Tout cela ne lui plaisait pas. Il ne pouvait s’empêcher de considérer la situation comme une décadence désastreuse. Quelle valeur, quel crédit, quelle crédibilité pouvait-on accorder à une liberté érigée sur tant de massacres ? Construire - ou plutôt reconstruire - une société entière sur des fondations noyées de sang, était-ce digne d’un discours mettant en avant des vertus telles que la liberté, la tolérance et l’égalité ? La révolution, nécessaire ou pas, justifiait-elle cela ? La rumeur s’était éloignée. Il sortit. Comme il s’y attendait, des corps jonchaient le couloir. Ses jambes faibles le supportaient tant bien que mal, et il dut lutter contre la nausée que lui provoquait la vue du sang et des cadavres. À mi-chemin de l’escalier, une voix faible et sifflante l'interpella: “Maître ! ... Maître ! C’était son geôlier préféré, allongé sur le ventre dans une flaque de son propre sang. Son bras dépassait dans un angle impossible, sûrement cassé. Sa propre dague était encore plantée dans son dos. Préthonius sentait monter à sa bouche la salive particulière qui précède le vomissement, mais il pouvait se retenir pour le moment ; d’ailleurs, il n’avait pas grand chose à rendre. - Mon pauvre ami, dit-il, si je peux encore quelque chose pour vous, dites-moi. - Maître, je vous en prie, mes enfants ... ma femme... Du sang s’écoulait de sa bouche à présent. Rue du Patriarche... dernière maison. - Vous voulez que je...” L’homme était mort. Il lui ferma les yeux et commença la traversée de l’enfer. *
La rue du Patriarche partait de la place du Marché, en direction du Grand Temple. Préthonius avait réussi à vomir, finalement, deux fois avant de sortir du Palais. Depuis, il errait dans une ville dévastée. Jamais il n’avait assisté à un tel carnage, à une telle folie collective. Sans compter les centaines de morts qu’on laissait sur les lieux de leur exécution, dans les escaliers du palais, dans la cour, dans les rues autour ; les traces de pillage et de vandalisme achevaient le tableau de désolation et de destruction totale. Sur la place du Marché, trois pendus se balançaient au bras tendu de l'immense statue de Garivan I, au dessus du puits dont les bas-reliefs luisaient de leur sang, séchant au soleil qui commençait à chauffer timidement l’atmosphère, comme à regret. Parmi eux, il reconnut Joreem, le conseiller le plus proche du Roi. On lui avait coupé sa barbe qu’il avait eue très longue et savamment tressée. Ce détail acheva de le choquer, même si le personnage ne lui avait jamais été sympathique. Il traversa la place, craignant toujours qu’on s’en prenne à lui, mais une bande de jeunes excités passa en courant, donna des coups aux pendus pour qu’ils se balancent, et l’ignora. Ils hurlaient et brandissaient un drapeau rouge orné en son centre d’une silhouette noire d’homme levant les bras au ciel. C’est fou le nombre de ces courageux combattants de la liberté, si véhéments, si engagés, qui ont soudain poussé dans cette ville ! Comment ai-je pu les ignorer avant ? Combien de ces jeunes opportunistes cruels diront plus tard à leurs petits-enfants qu’ils y étaient, qu’ils furent héroïques ? La dernière maison de la rue du Patriarche était silencieuse, comme les autres alentour. Il entra. “Oh hé ! Il y a quelqu’un ?” Silence. Il trouva un siège rembourré et s’y assit lourdement, épuisé. Personne. La maison était déserte. Pourvu qu’elle se soit enfuie avec ses enfants, qu’elle soit en sécurité. Il pensa aussi à Tabyll, jeune orphelin Soghnien qui vivait seul avec sa grand-mère, qu’il avait pris à son service deux ans auparavant sur son insistance. Il devait avoir presque seize ans et suivait les préceptes de la Juste Parole à la lettre. Toujours le symbole rouge au front, toujours silencieux le jour d’abstinence, et toujours une citation d’évangile prête en toute circonstance. Brave Tabyll, que fais-tu en ce moment ? Où es-tu ?Il décida d’aller chez le jeune homme, après tout, il avait déjà fait la moitié du chemin. Du côté de la Vieille Porte, la ville était presque intacte. Seule l’annexe nord de la Garde Royale n’avait plus de porte, et une légère fumée s’échappait de l’ouverture. Quelques statues en rapport avec la monarchie gisaient en morceaux au sol, notamment celle de Garivan V le Bon, le roi contemporain du Prophète. Au delà de la Vieille Porte s’étalaient les quartiers les plus pauvres, comme s’étale une maladie. La lie de la société citadine survivait ici, dans une détresse et une précarité intolérable. Les Réformistes avaient du pain sur la planche. Préthonius marchait lentement. Il ne croisait pratiquement personne. Tout le monde avait peur, ici. Il longea l’hôpital sur sa droite et arriva enfin à la cabane faite de bric et de broc où logeaient Tabyll et sa grand-mère. Ils étaient là. L’adolescent courut vers lui. “Maître! J’ai tellement eu peur pour vous ! Il se jeta dans ses bras et le serra très fort. Je pensais qu’ils avaient pu vous tuer ! - Qui ? La Garde, ou les Réformistes ? - Les deux, Maître. Pourquoi tant de méchanceté ? Qu’est-ce qui se passe ? Même votre chat a disparu. Il pleurait. - Personne ne t’a expliqué ce qui arrive ? - Ma grand-mère m’a dit que c’est la guerre, comme lorsqu’elle était enfant quand la Soghnie est devenue Pancallienne. - Ce n’est pas tout à fait cela, mais la situation y ressemble. Comment va-t-elle ? - Elle est très malade. Je suis inquiet. A l’hôpital, il ne la veulent pas, et Maître Diavris, qui s’occupait d’elle, est parti la semaine dernière à la guerre, car ils manquent de médecins. - Fais-moi entrer, je veux la voir. - Elle risque de ne pas vous reconnaître, elle perd la mémoire. Tabyll l'introduisit dans le cabanon de bois, de torchis et de bouse séchée. La vieille, affalée dans son siège, semblait ruminer. Elle puait. Elle fixa Préthonius de son unique œil valide. - Vous venez me tuer, mais je m’en fiche ! Le Seigneur est témoin de ma fidélité, Il est prêt à m’accueillir et je suis prête à Le rejoindre. Allez, frappez, mais laissez le petit tranquille ! - Je ne vous veux aucun mal, rassurez-vous... - Ma, c’est mon Maître, c’est mon bon Maître qu’ils ont mis en prison injustement. Il est sorti, il vient nous voir. Elle se mit à pleurer. - Le Monde est devenu tellement fou, tant de méchants veulent faire le mal. Comment le Grand Tout peut permettre ces choses ? Que se passe-t-il ? Dites-moi, vous, que se passe-t-il ? - Oui Maître, dit Tabyll en lui donnant un siège, que se passe-t-il ? Après tout, vous êtes professeur d’Histoire. Je veux comprendre moi aussi ce qui arrive, expliquez-nous. - Tout cela est bien compliqué. Il y a longtemps, en vérité peu avant ma naissance, le dernier roi de Tillbrande est mort et ses successeurs ont décidé d’abolir la monarchie. S’inspirant des accords de Karwynn où est née la première république, en Gallonie, ils ont créé un état démocratique, c’est-à-dire un pays où ceux qui gouvernent sont élus par le peuple. Et cela semble fonctionner chez les Tills. Depuis, un grand nombre de gens en Pancallie, et surtout dans la province de Pamaval, souhaite un régime semblable chez nous. On les appelle les Réformistes. - Ce sont ceux qui ne croient pas que le Prophète est devenu une femme ? dit Tabyll. - Non, ceux-là sont les Réformateurs, à ne pas confondre. Les Réformateurs ne font pas de politique, ils veulent réformer le pouvoir inquisiteur qu’exerce le Prêtre Suprême sur la Juste Parole. Il se trouve que c’est justement le courant religieux des Tills, ce qui complique la situation. Les Réformistes, eux, veulent réformer la politique. Il ne veulent plus de roi, mais une république, c’est-à-dire un gouvernement qui n’est pas dirigé par une seule personne et où le pouvoir ne se transmet pas de façon héréditaire. - Mais les Réformistes, c’est quoi leur religion, alors ? - C’est une bonne question ! La plupart est Scientiste. Ils refusent la religion, du moins le pouvoir qu’elle exerce. Certains se font appeler les Laïcistes. Ils font plutôt confiance à la science et à la raison. Mais beaucoup de Réformistes restent des Justes. Orthodoxes comme la plupart des prêtres, ou Réformateurs comme les Tills. Donc il est probable, s’ils gouvernent, qu’ils ne mêlent plus la religion à la politique du pays. C’est compliqué, n’est-ce pas ? La vieille s’était endormie. L’historien et l’adolescent la regardèrent et se sourirent. Il existait une forte complicité entre eux, comme un père et un fils qui se seraient connus sur le tard. - Mais Maître, insista Tabyll, si les Réformistes prenaient le pouvoir... - C’est justement ce qu’ils viennent de faire, d’où ce désordre. - ...le Prêtre Suprême va perdre le sien, puisque le Roi ne décidait qu’avec lui de tout. - Exactement. Et je crois que tu as touché là l’un des plus gros problèmes qui vont se poser au nouveau gouvernement, après la guerre, bien sûr. Car le Prêtre Suprême dirige officiellement toutes les instances de la Juste Parole dans le Monde à partir d’ici. Son influence sur la politique du royaume lui conférait une puissance dépassant son influence religieuse et donc la renforçait. Il devra désormais diriger seulement les Justes orthodoxes. Mais en contrepartie, le nouveau gouvernement risque de perdre une part de l’influence politique qu’il exerçait sur les pays Justes du Monde. Et la religion et la politique sont tellement emmêlées déjà dans notre pays que tout cela risque de changer beaucoup de choses dans le Monde entier.” | |
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| Sujet: Re: LA JUSTE PAROLE - III - La Révolution Mer 22 Oct - 1:46 | |
| -3- Dernière entrevue-
Moi, Fraden, président du Conseil temporaire de la Constitution de la République de Pancallie, accepte au nom de ce Conseil l’allégeance économique à la République de Tillbrande, et m’engage à lui laisser libre accès à la Mer du Milieu, à la Mer Plate et à la Mer d’Ysk ; de plus à compter de ce jour, la partie sud du désert de Soghnie devient une province de Tillbrande. En contrepartie, le gouvernement de Tillbrande s’engage à laisser à la Pancallie libre accès à la Grande Mer Chaude par la Mer de Tillbrande et par la Mer Blanche, et à l’assister en matière de défense et de développement. Traité de Cythène - 412 - Introduction
Préthonius attendait dans le grand hall du palais, où quelques modifications avaient été opérées dans la décoration. Le souvenir même de la monarchie devait être banni, comme une maladie dont on serait guéri. On efface tout et on recommence. Mais ce pays, ce peuple, ne pouvaient pas changer ainsi du jour au lendemain ses habitudes, ses traditions séculaires, sa façon même de fonctionner. Tout cela sonnait faux : la Garde Royale, bien que renforcée de nouvelles recrues volontaires alléchées par de nombreuses promesses de privilèges, conservait la même organisation, les mêmes sous-chefs, les mêmes costumes (excepté le blason dont la Comète avait disparu pour laisser place au bonhomme sur fond rouge), et les mêmes quartiers ; seul son nom avait changé: il fallait dire à présent la Garde de la République. Une contre-révolution avait éclaté suite à ce que certains appelaient la “soumission aux Tills”, ou la “reddition”. Le nouveau gouvernement préférait employer le terme d’“accord pacifique” ou d’“allégeance économique”. Les soulèvements, menés par les Royalistes et une partie des Orthodoxes, avaient été rapidement réprimés dans le sang par la nouvelle garde, puis dans un second temps par des annonces de mesures sociales et autres discours donnant espoir aux plus pauvres. Tillbrande n’était soudain plus un ennemi mais un partenaire généreux. Des Tills faisaient même partie du Conseil. Préthonius, comme tout le monde, attendait de voir. Devant ces belles perspectives, la méfiance cohabitait étrangement avec l’engouement du changement. Un garde vint enfin le chercher et l’introduisit dans l’ex-salle du Trône devenue salle de réunion du Conseil. Les grandes tapisseries, le trône et la quarantaine de portraits royaux avaient disparu. Préthonius en fut choqué et eut du mal à cacher son malaise. Fraden l’attendait, seul. Ses longs cheveux détachés tombaient sur une tunique courte écarlate. “Jour prolifique, Maître Préthonius ! Que pensez-vous des remaniements du palais ? Vous semblez surpris. Vous vous attendiez à ce que ce palais devînt un musée à la gloire de la monarchie ? - Certes non, mais il me faudra quelques temps pour m’y habituer. De la même manière, j’ai du mal à me faire à l’idée que tu diriges à présent le pays. - Moi aussi, je l’avoue. Mais c’est temporaire, le peuple entier va être consulté et choisira lui-même son premier président. L’expérience des Tills nous est d’une aide précieuse pour organiser tout cela. Vous vouliez me voir pour m’entretenir, je suppose, du rôle que vous entendez jouer au sein de notre nouvelle société... J’ai pensé à vous pour certaines hautes fonctions concernant l’éducation. Le Doyen de l’académie ne sera plus désormais la plus haute autorité en ce domaine. Ce pourrait être vous. - Merci, Fraden, mais cela ne m’intéresse pas. Tu sais que la politique n’est pas mon fort, et mes qualités en matière d’organisation et de commandement laissent à désirer. Je ne suis pas venu te voir pour obtenir des privilèges ou des responsabilités, et même si je m’inquiète pour les plus pauvres, je te laisse, à toi et à tes collègues, le soin de régler les grands problèmes sociaux et politiques. Je suis venu t’entretenir à propos de mes recherches. - Sur les Écritures ? - Oui. A présent que les autorités religieuses et celles de l’état sont clairement distinctes et indépendantes, j’ai peut-être une chance de faire entendre le résultat de mes recherches sans me faire arrêter ou lyncher. - Certainement, mais le Prêtre Suprême et ses instances détiennent toujours tous les pouvoirs en matière de religion. Nous ne pourrons pas contrôler leurs commentaires et leurs éventuelles directives envers les Orthodoxes qui restent majoritaires. - Je veux seulement être assuré de ma sécurité et de mon droit à présenter des observations en tant qu’historien spécialiste de l’Antiquité et de l’étude scripturaire, je sais que l’Académie et les scientifiques prendront en compte les résultats de mes recherches. Mon problème immédiat, c’est la disparition de tous mes documents, toutes mes notes et tous mes livres. Où sont-ils ? - Mais je n’en ai pas la moindre idée. J’ignorais qu’ils avaient disparu ! - Je doute que ce soit l’œuvre des pillards de la révolte. Ce sont probablement les hommes de Mariach. Ils ont dû tout détruire ou tout confisquer. Dans ce dernier cas, j’ai encore une chance de récupérer mes travaux, mais comment puis-je faire ? - Hélas, j’ai peur de ne pas vous être d’un grand secours dans cette affaire, car de toute évidence ce n’est pas l’intérêt du Prêtre Suprême que de les retrouver. Si les Justes y sont pour quelque chose, ils nieront, évidemment. Après les semaines confuses que nous venons de vivre, nous découvrons peu à peu que de nombreux méfaits ont été commis, que des gens ont disparu, assassinés ou en fuite, et des maisons ont été saccagées ou entièrement vidées de leurs biens. Des enquêtes sont en cours, mais la plupart de ces exactions resteront malheureusement impunies. Dans votre cas, nous ne pouvons même pas savoir si les Justes sont effectivement impliqués. - Et si tes hommes allaient leur demander officiellement la restitution de mes travaux, comme s’ils étaient persuadés qu’ils sont en leur possession ? - Mauvaise idée. Et pour plusieurs raisons : premièrement, ils s’empresseraient de considérer cela comme une ingérence de ma part dans des affaires concernant directement la Juste Parole (puisqu’il est clair que vos travaux remettent en cause ses fondements même), et je n’ai pas besoin d’un tel conflit au lendemain de leur éviction brutale de l’exécutif, je préfère au contraire les caresser dans le sens du poil. Deuxièmement, je prendrais ainsi le risque d’afficher un intérêt pour vos théories et de présenter le gouvernement comme sympathisant à un négationnisme impopulaire, plus radical encore que celui des Scientistes. - Que me chantes-tu là ? Le souci de la vérité dans le cadre d’une enquête sur un pillage est parfaitement légitime et ne devrait pas souffrir de ce genre de considérations. Ce que tu présentes comme de la diplomatie ressemble plutôt à de la faiblesse face à la pression religieuse. Voire à de l’hypocrisie ou de la lâcheté ! Tu m’as dit à la veille de mon arrestation que tu ne me laisserais pas tomber, c’est pourtant ce que tu fais ! - Maître, je vous respecte, mais mesurez vos paroles. Je vous avais seulement dit que je ne ferais rien contre vous. J’ai dû prendre ces derniers temps un certain nombre de décisions qui ne m’enchantent pas, surtout vis à vis des Tills. Mais c’est dans l’intérêt du pays. Faire de la politique n’est pas chose aisée ; il y a une grande différence entre militer, porter un idéal - souvent utopique -, et se retrouver du côté des décideurs. On découvre alors que l’hypocrisie est en effet très proche de la diplomatie, on réalise soudain qu’il est impossible de contenter tout le monde, on ravale sa fierté souvent, on ménage ceux qui ont de l’influence. La politique peut porter les opposants au rang de héros, mais elle s’avère terriblement ingrate si les mêmes se retrouvent au pouvoir. - Triste constat, après seulement cinq semaines de pouvoir... Pour ma part, je constate que d’une manière ou d’une autre, le Temple exerce toujours le sien.” *
Préthonius, las et déçu, arriva exténué devant sa petite maison. Il avait erré dans Pamaval pour réfléchir à la nouvelle donne de la situation. Des groupes d’hommes de la Garde patrouillaient dans toute la ville. Il en croisait plus que des citadins. Les rues étaient presque désertes en plein milieu de l’après-midi. Les autres jours de la semaine, les étals de fruits, de légumes, de volailles, d’étoffes, d’épices, et de tout ce qui peut se vendre sur un marché, envahissaient d’ordinaire les deux côtés de la grand rue, mais c’était aujourd’hui jour d’abstinence pour tous les Orthodoxes et pour les plus modérés parmi les Réformateurs, et la plupart ne sortait pas de chez eux. Tous ces gens avaient leur foi, leurs rites, qui rythmaient leur vie quotidienne, qui apportaient un sens à leur existence. Ce qu’il avait découvert menaçait cet ordre, et Fraden le savait très bien. Comment pouvait-il lui en vouloir ? A part les Scientistes, très minoritaires, personne ne voudrait accepter le fait que les manuscrits fondateurs de la Juste Parole puissent être des faux, et donc admettre que cette religion était échafaudée sur une énorme supercherie. Il savait qu’il ne pourrait pas recommencer toute son étude à ce sujet, puisqu’on lui interdirait désormais l’accès aux originaux. Quant à l’Académie, où il n’avait pas osé remettre les pieds depuis sa libération, on l’y avait sûrement remplacé sans problème. Il se sentait fini, inutile. Il s’arrêta devant le perron, hésitant à entrer. Retrouver sa maison à moitié vide, allumer la lampe à huile, et être là dans le silence, sans aucun livre à consulter, sans travail à accomplir, sans personne pour lui tenir compagnie, sans même le vieux chat noir, son compagnon aujourd’hui disparu. L’avaient-ils mis à mort ? Ou s’était-il enfui pour ne jamais revenir ? Lui aussi avait eu ses rites, son quotidien ; et jusqu’à ce jour, il avait naïvement cru qu’il pourrait reprendre sa vie comme avant, récupérer ses affaires, sa bibliothèque, ses archives, ses souvenirs, puis continuer. On lui avait fait en quelque sorte ce qu’il avait failli infliger aux Justes avec ses révélations. C’en était trop. A soixante quinze ans, sa vie se terminait avant même sa mort. Son enfance avec sa mère au bord de la rivière dans la province de Kimant, sa jeunesse de marin dans la Grande Mer Chaude, la famille qu’il avait fondée en Aïssi Oudh, entièrement décimée par la colère du volcan Soubmaka, son retour en Pancallie à l’âge de trente deux ans, sa réconciliation avec ses parents, ses études d’Histoire auprès de son père à l’époque doyen de l’Académie de Kimant, ses recherches passionnées sur les manuscrits antiques yskandars et ceux des Îles de Bondi, qui l’amenèrent encore à voyager, puis l’enseignement pendant trente années, ... pour en arriver là. S’il entrait dans sa maison, qu’allait-il faire de sa soirée ? Mais s’il n’y entrait pas, où irait-il ? Il monta les marches. La porte était entrouverte. Impossible. Il entra. “Tabyll ? C’est toi ? Tabyll ? ... Le Chat ?” Un formidable coup à la nuque lui fut asséné par derrière. Il soupira plus qu’il ne cria, son champ de vision fut aussitôt voilé par des scintillements flous, et le bruit du choc continuait à résonner dans sa tête lorsqu’il se retrouva couché sur le sol, sans se souvenir de la chute. Il sentait la présence de plusieurs hommes au dessus de lui. Ils parlaient, mais les mots avaient très peu de consistance. Ils déplaçaient quelque chose de lourd, un meuble sans doute. On le souleva alors, on le hissa sur la table. Dans la pénombre, il discerna des silhouettes qui se penchaient sur lui et lui parlaient, mais il ne comprenait pas tout. blasphème ... jamais ... scientiste ... Grand Tout ... vieux ... fini ... Deux hommes le redressèrent sur la table, il sentit qu’on lui enfilait une corde autour de la tête, qui lui enserra le cou, et il se sentit aussitôt hissé vers le plafond. Ils étaient en train de le pendre ! Malgré la douleur, la peine à respirer et le noir scintillant qui voilait sa vue, il s’offrit tout de même, d’une voix grinçante, le dernier privilège de remercier ses exécuteurs. FIN DE LA TROISIÈME ÉPOQUE
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Dernière édition par filo le Lun 16 Fév - 13:27, édité 1 fois | |
| | | Cathecrit Maître
Nombre de messages : 1269 Age : 62 Signe particulier : increvable Date d'inscription : 11/07/2007
| Sujet: Re: LA JUSTE PAROLE - III - La Révolution Jeu 30 Oct - 3:32 | |
| Je me sens un peu comme Tabyll et sa grand-mère : tout cela est bien compliqué pour moi et tu fais référence à un trop grand nombre d'événements que je ne connais ni ne maîtrise Suffisamment. Et puis chaque début de chapitre raconte un autre moment de ton histoire, une autre période, ailleurs que celle d'avant, avec trop de personnages nouveaux... et je suis un peu perdue. Il faudrait que je revienne en arrière, que je relise plusieurs fois, mais voilà : ce n'est pas un bouquin... C'est d'autant plus frustrant que je me dis "en plus tout doit se tenir et s'expliquer logiquement, mais ... Ah j'ai vraiment dû laisser quelques neurones en route ces 2 dernières années ! Bon je vais quand même terminer la lecture car je suis d'une nature curieuse... | |
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| Sujet: Re: LA JUSTE PAROLE - III - La Révolution | |
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| | | | LA JUSTE PAROLE - III - La Révolution | |
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