Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007
Sujet: Inde, carnet de route 2011 Dim 10 Juil - 21:17
1ère partie : le départ, visite d'Old Delhi (9 et 10 avril 2011)
Après les angoisses de l'année dernière et notre retard dû au nuage volcanique, ce voyage s'annonce sous des auspices bénéfiques. Départ samedi tôt, un taxi vient nous chercher et nous conduit sans encombre jusqu'à l'aéroport. L'embarquement se fait sans aucun problème, l'avion part à l'heure, incroyable... Ceux qui ont emprunté ce vol mettront cependant un bémol à cette euphorie ambiante : au-dessus du Pakistan, une tempête dantesque nous rattrape et secoue l'avion avec une application digne d'éloge. Inutile d'essayer de continuer ma sieste : les passagers vomissent autour de moi en choeur, et Annie, ma camarade de voyage, s'agrippe à moi comme si sa vie en dépendait. Je n'ai jamais été autant secouée dans un avion. Du coup, même les hôtesses sont obligées de s'attacher et de jouer aux montagnes russes avec nous. Dans leur carré, les canettes de soda volent en tous sens. Nous débarquons avec les jambes légèrement flageolantes et pour ma part assez affamée, puisque le diner n'a pu évidemment nous être servi. Mais la nuit sera trop courte pour que je songe à autre chose que m'allonger et essayer de récupérer...
Dimanche, lever à l'aube pour la visite de monuments du vieux Delhi. Je souris déjà aux efforts de la guide pour essayer de rassembler le groupe, les filles s'égaillent et poussent des cris de ravissement à chaque découverte de la capitale. Le temps, couvert et gris, nous épargne la grosse chaleur de l'année dernière : un petit 30° au lieu des 39° de 2010...
Notre première visite est pour la mosquée Jama Masjid, bâtie entre 1644 et 1658 sous l'égide du fameux Shah Jahan, celui du Taj Mahal... une magnifique construction, donc, aux proportions parfaites.
Hélas, pour entrer dans la mosquée, les touristes que nous sommes devons revêtir des blouses en matières synthétiques, censées nous rendre "décentes", étant entendu que les Indiennes, même non musulmanes, sont par essence décentes... nous enfilons ces hardes multicolores, d'une propreté un peu douteuse, et nous partons à la découverte sur l'immense esplanade du monument.
Bien que l'architecture soit magnifique, ma curiosité et mon goût me portent à observer les rues qui bordent la mosquée. J'y retrouve l'agitation, le bruit, les couleurs et l'extravagance de l'Inde...
Après cette première visite, nous nous rendons au tombeau d'Humayun. Ce mausolée, classé au patrimoine mondial de l'Unesco, est un petit joyau serti dans un parc verdoyant et calme, bienvenu après l'agitation de la capitale. On y entre par de belles portes de pierre aux décorations raffinées.
L'aboutissement ultime de cette architecture funéraire moghol fut bien évidemment la perfection du Taj Mahal, mais on remarque déjà le souci de symétrie et de magnificence, et le système du "charbagh", du jardin moghol divisé en quatre cours par des chemins et des canaux, que l'on doit à Babur, le prédécesseur d'Humayun. Pour les musulmans d'Asie, le paradis était un jardin. Les quatre canaux symbolisent les quatre fleuves du paradis, celui de l'eau, celui du lait, celui du miel et celui du vin.
Le paradis ne s'entretenant pas tout seul, nous observons le ballet des tailleurs de pierre, qui restaurent patiemment le monument, "à l'ancienne" dirons nous, c'est à dire visiblement de la même manière qu'au moment de la construction.
Nous allons ensuite visiter le Qutub Minar, encore une curiosité architecturale riche et impressionnante. Cet ensemble de monuments variés fait partie des tous premiers édifices musulmans sur le sol de l'Inde. La tour en elle même, commencée en 1199, est sans doute la plus haute et la plus belle des tours de pierre du monde musulman : songez, plus de 72 mètres de haut d'une dentelle finement sculptée
Quant à la très ancienne mosquée, à ciel ouvert comme on peut en trouver encore en Iran, elle fut bâtie en utilisant les pierres, les colonnes et les sculptures de 27 temples hindous détruits par le sultan Qubt-ud-din lorsqu'il conquit la capitale rajpute Qila Rai Pithora. On y trouve, curieusement, des sculptures érotiques au milieu de l'ancienne école coranique.
Là aussi, on répare, on restaure, témoin de l'attention et du soin que portent les Indiens à leur riche passé. D'ailleurs, nous croisons en majorité des touristes indiens venus de partout, le prix des entrées dans les monuments étant absolument symbolique pour les gens du pays et plus onéreuses pour les touristes étrangers. Je reste toujours admirative devant leurs échafaudages en bambou, sur lesquels les ouvriers voltigent sans aucune appréhension.
Après cette "mise en bouche", nous prenons la route d'Agra. Les filles qui ont fait le voyage l'année dernière sont ravies : nous avons retrouvé notre chauffeur de bus, si gentil et prévenant. D'ailleurs, quand il est arrivé, nous avons poussé de tels cris de joie, trépignements et frénétiques serrages de main qu'il en a été tout ému. Nous allons être dorlotées...
Dernière édition par constance le Mer 13 Juil - 22:28, édité 4 fois
vestale Prêcheur
Nombre de messages : 937 Date d'inscription : 28/09/2007
Sujet: Re: Inde, carnet de route 2011 Dim 10 Juil - 21:34
Nous allons être gâtés, entre le carnet de voyage de Constance et je l'espère le récit et photos de Nigthy de son voyage en Égypte. Complètement sous le charme de cette mosquée.
constance Prophète
Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007
Sujet: Re: Inde, carnet de route 2011 Mar 12 Juil - 20:26
2ème partie : le Taj Mahal (11 avril)
Fortes de notre expérience de l'année dernière, et après un vote quelque peu houleux suivi de moultes tractations, nous obtenons de partir ce matin très très tôt, de façon à voir le Taj Mahal au lever du jour. Enfin, presque au lever du jour, mais en tous cas pas dans la chaleur ni dans la foule. Ce qui donne 5 heures du matin, et pas de petit-déjeuner, on verra après la visite. Que dire du Taj qui n'ait pas été dit déjà ? Sinon que « la couronne du palais », construit pour l'amour d'une reine, constitue à mes yeux la plus parfaite expression de la beauté en architecture. Jamais la douleur d'avoir perdu l'être aimé ne s'est manifestée d'une façon aussi spectaculaire. Mais plus que cette incroyable mausolée dédié à Mumtaz Mahal (la « perle du palais »), la bien-aimée reine de Shah Jahan morte en couches en 1631, plus que cette performance technique (37 architectes, 20.000 ouvriers, des artistes du monde entier, 22 années de construction...), il reste une oeuvre profondément troublante, un rêve d'une grâce éthérée et resplendissante.
Après une fouille minutieuse à l'entrée (on ne peut rien amener avec nous sauf l'appareil photo, même la bouteille d'eau nous est fournie avec le billet d'entrée), nous parvenons enfin près du Taj Mahal. Les architectes de l'époque sachant ménager leurs effets, nous ne voyons pas tout de suite le monument, nous devons d'abord passer par une entrée monumentale
Puis c'est le choc frontal : le Taj Mahal dans toute sa splendeur, un vaisseau de marbre blanc sur cette vaste plateforme, au fond de jardins parfaitement symétriques, entouré de quatre monuments à l'harmonie absolue, « tel une princesse radieuse entourée de ses quatre demoiselles d'honneur ».
Comme l'année dernière, la perspective est tellement vaste et l'impression tellement forte qu'il faut veiller à ne pas tanguer en prenant les photos. Les réactions sont assez étranges : des larmes, de l'abattement stupéfait ou une sorte d'euphorie. A part le Requiem de Mozart, rien ne me fait cet effet de plénitude artistique...
Nous sommes sur la plateforme en marbre, les pieds protégés par des chaussons de toile jetables qu'on nous a fournis et priés d'enfiler. De là, nous avons une vue magnifique sur la Yamuna, un des fleuves sacrés en Inde
La splendeur du Taj en lui même éclipse les bâtiments adjacents, pourtant d'une facture délicate et harmonieuse
Nous pénétrons à l'intérieur du mausolée, heureusement presque vide à cette heure matinale. Nous pouvons ainsi admirer à loisir les sculptures délicates faites selon la technique de la « pietra dura", c'est à dire finement incrustées de milliers de pierres précieuses et semi-précieuses
Le Taj vu sur un de ses côtés, splendeur du marbre blanc
A la fin, épuisées d'émotion (et de chaleur), nous nous allongeons sur l'esplanade de marbre bien frais
La vue d'en bas en vaut la peine...
D'ailleurs, nous ne sommes pas les seules à y avoir pensé. Un groupe de femmes indiennes campe sur le parvis et discute tranquillement, à l'ombre et au frais
Un dernier coup d'oeil en partant, presque à regret, mais nous sommes tellement saturées d'émotions fortes que nous retrouvons la réalité triviale presque avec soulagement.
Le Taj Mahal, le degré ultime de perfection en ce monde
vestale Prêcheur
Nombre de messages : 937 Date d'inscription : 28/09/2007
Sujet: Re: Inde, carnet de route 2011 Mar 12 Juil - 21:21
Je ne me rappelais plus si tu l'avais écrit mais peut-on visiter l'intérieur ? Le tombeau de Mumtaz Mahal se trouve t-il à l'intérieur ? Il y avait eu un reportage je crois que Arte ou autre chaîne récemment, je n'avais pu le voir.
constance Prophète
Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007
Sujet: Re: Inde, carnet de route 2011 Mar 12 Juil - 23:34
Oui Sophie, on peut entrer à l'intérieur pour le visiter. Les salles sont absolument somptueuses dedans aussi, encore plus même, car entièrement en marbre et pierres précieuses incrustées. Le détail de sculpture que j'ai mis ici a été pris en photo à l'intérieur, près d'une ouverture car tout le reste est assez sombre et on n'a pas le droit d'utiliser le flash. L'impression est étrange car tout résonne énormément à l'intérieur et les Indiens ne sont pas vraiment silencieux, si bien qu'on ne se croirait pas du tout dans un tombeau. Il y a au milieu le mausolée de Shah Jahan et de sa reine, mais ce sont des cénotaphes, c'est à dire que les splendides tombeaux en marbre sont vides. Les corps se trouvent dans une galerie souterraine, en dessous du monument, on n'a pas le droit de la visiter.
vestale Prêcheur
Nombre de messages : 937 Date d'inscription : 28/09/2007
Sujet: Re: Inde, carnet de route 2011 Mer 13 Juil - 13:33
Merci pour ces explications. Je ne me lasse pas de regarder ces photos.
constance Prophète
Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007
Sujet: Re: Inde, carnet de route 2011 Mer 13 Juil - 22:22
2ème partie (bis) : la Yamuna vue de l'esplanade du Taj Mahal.
constance Prophète
Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007
Sujet: Re: Inde, carnet de route 2011 Sam 16 Juil - 17:50
3ème partie : le Fort Rouge d'Agra et Fatehpur Sikri (11 avril)
Heureusement, nous avons visité le Taj Mahal très tôt, ce qui nous permet de retourner à l'hôtel tranquillement, de prendre notre petit-déjeuner et de boucler nos valises pour le prochain arrêt : le Fort Rouge d'Agra.
Ce bâtiment constitue un mélange fascinant d'architecture moghole robuste de l'époque du grand empereur Akbar, représentée par les solides murailles en grès rouge, et d'architecture plus tardive et ornementée typique de Shah Jahan, son petit-fils, où l'on employa plutôt le marbre blanc et la technique de la pietra dura.
Voici les murs d'enceinte du fort en grès rouge : comme vous pouvez le constater, l'armée des Indes veille au grain
Un détail des bâtiments les plus anciens (construits à partir de 1565), vous constaterez que le raffinement faisait déjà partie intégrante de ce style
Vous pouvez voir la différence avec les bâtiments plus récents, en marbre blanc
Et la magnifique salle des audiences privées, où se trouvait autrefois le trône du paon, une merveille élaborée pour Shah Jahan, qui comprenait 108 grands rubis, 116 émeraudes, des diamants et parmi les plus belles perles du monde. On dit qu'il valait 12 millions de livres tournois de l'époque, soit 200 à 300 millions de nos euros, soit la somme dépensée pour la construction du château de Versailles entre 1660 et 1680. Et non, je n'ai pas de photo, parce que le trône fut amené par l'empereur dans son palais de Delhi, puis proprement volé par les conquérants perses en 1738 (d'ailleurs, ils ont embarqué aussi, entre autre, les deux plus gros diamants du monde, dont le Koh-i-nor). Puis le trône fut détruit dans les guerres de succession persanes.
Au milieu de ces bâtiments impressionnants, je regarde aussi les touristes indiens, qui nous sourit avec gentillesse et nous demande si on aime ce qu'on visite. Ils nous trouvent tellement exotiques qu'ils demandent toujours s'ils peuvent nous prendre en photo, et n'hésitent jamais à poser pour nous, parfois avec un peu trop de sérieux...
Mais ce qui est magnifique dans ce fort, c'est finalement la vue : de là, nous pouvons admirer l'arrière du Taj Mahal et le fleuve Yamuna
Avec une petite pensée pour Shah Jahan, dont ce fut la dernière vision pendant des années : en effet, son fils, le très détesté Aurangzeb (car musulman fanatique, il persécuta les populations indiennes), l'emprisonna dans le fort, d'où il pouvait voir quand même d'une petite fenêtre le Taj Mahal de sa bien-aimée. Officiellement, c'était parce qu'on disait que Shah Jahan voulait construire sur l'autre rive de la Yamuna un pendant en marbre noir du Taj, ce qui aurait achevé de ruiner le royaume. En fait, parce qu'Aurangzeb était tout simplement un ambitieux.
Après cette visite, nous roulons vers Fatehpur Sikri, à environ une quarantaine de kilomètres d'Agra.
Fatehur Sikri, une ancienne capitale moghole abandonnée telle quelle, ville fantôme, donne un peu la chair de poule tant les bâtiments sont en bon état : on s'attend à voir débarquer les anciens habitants, les processions, les éléphants..etc. La cité fut construite suite à un voeu exaucé. En effet, le grand empereur Akbar ne pouvait avoir de fils. Il alla consulter un saint soufi près du village de Sikri, lequel lui prédit la naissance de trois fils. Quelques temps après, effectivement, ses trois épouses lui donnèrent trois fils. Pour célébrer cet événement, il fit construire, à partir de 1569, une magnifique mosquée puis une cité impériale, Fatehpur (la victoire). Il faut s'imaginer, à l'époque : la ville était ceinte d'une muraille de 10 kms, les écuries royales contenaient 30.000 chevaux, 5.000 éléphants, 1.000 guépards, il y avait une bibliothèque de 24.000 manuscrits... et puis les caravansérails, les bains, les bazars, les écoles... Le palais en lui-même renferme une multitude de pavillons élégants, destinés aux épouses ou favorites, à l'astrologie, les salles d'audience ...etc.
De cet ilôt entouré d'un bassin, relié par 4 petites passerelles en pierre, on dit qu'il s'agissait du salon de musique de l'empereur. Mais on raconte que c'est là aussi qu'il dissertait avec des sages venus du monde entier. Chaque invité s'asseyait à l'extrémité d'une des passerelle, l'empereur se trouvait lui au milieu et controversait avec chacun des sages à tour de rôle.
Il faut dire qu'Akbar, contemporain d'Elizabeth I et d'Henri IV, fut un souverain très éclairé, un fin stratège et un lettré, permettant à ses sujets et à ses épouses de pratiquer leur religion librement et ouvrant son royaume immense à toutes les influences. A sa cour résidaient toutes sortes d'artistes et de voyageurs, y compris des jésuites ! Il jeta même les bases d'une religion syncrétique, mélange d'islam, d'hindouisme, de jainisme et de bouddhisme.
Mais Akbar ne vécut que 14 ans à Fatehpur Sikri. On dit que la capitale fut abandonnée car on ne pouvait la ravitailler suffisamment en eau. Ou que les troubles politiques conduisirent les autres empereurs à déplacer leur capitale. Mais ce qu'il en reste est impressionnant, vestige intact des fastes d'une cour impériale qu'on a peine à imaginer, où chaque détail témoigne du raffinement de cette culture
vestale Prêcheur
Nombre de messages : 937 Date d'inscription : 28/09/2007
Sujet: Re: Inde, carnet de route 2011 Sam 16 Juil - 19:32
Si je vais investir dans un livre sur l'Inde pour me cultiver un peu sur ce beau pays, tu me conseillerais quoi ? Un livre qui parle aussi bien des coutumes, de l'histoire, de l'architecture, du climat le tout avec de belles photos.
constance Prophète
Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007
Sujet: Re: Inde, carnet de route 2011 Sam 16 Juil - 22:57
Ma pauvrette, dis comme cela, je n'en sais rien Il existe des milliers de livres sur ce pays ! D'abord, il n'y pas "l'Inde" mais plein d'Indes différentes. Pas grand-chose à voir entre le nord, le sud, Goa, Bombay, Bénarès, les anciens comptoirs français ou portugais...etc. Même les langues sont différentes. Le plus simple serait peut-être de consulter des guides de voyages, mais même eux séparent l'Inde en Inde du Nord et Inde du Sud. Il existe des guides de voyage qui sembleraient correspondre à ce que tu cherches car très axés sur la culture et l'histoire, les oeuvres d'art et l'architecture. Tu pourrais en emprunter à la médiathèque de ta ville, ou alors prendre au même endroit des livres d'art spécialisés, qui seraient hors de prix à acheter sinon. Pour ma part, j'ai quelques livres que je pourrai te montrer, dont un magnifique livre d'art sur les danses indiennes classiques que je viens d'acheter en profitant des soldes (je le regardais depuis un bout de temps, celui-là !). Sinon, ce sont plutôt des romans très divers et tous très intéressants dans plein de genres différents. On pourra regarder ça aussi.
filo Admin
Nombre de messages : 2078 Age : 52 Signe particulier : grand guru Date d'inscription : 06/07/2007
Sujet: Re: Inde, carnet de route 2011 Dim 17 Juil - 1:52
Vestale, il existe un livre simplement nommé INDE, qui fait guide mais très complet même si on ne l'utilise pas dans la perspective d'y aller. Mais peut-être seras-tu plus sensible à l'ouvrage Aux couleurs de l'Inde, qui présente par thèmes de très belles images sur la culture et l'art notamment.
constance Prophète
Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007
Sujet: Re: Inde, carnet de route 2011 Dim 17 Juil - 16:35
4ème partie : Pushkar (12 avril)
Face à de telles merveilles, nous prenons évidemment du retard. Et puis les routes indiennes étant ce qu'elles sont, sans parler des imprévus, inutile de parler en kilomètres. Diner à 23h00 dans un restaurant de bord de route, délicieux d'ailleurs, mais les très jeunes serveurs tombent littéralement de sommeil dans les plats : en Inde, on se lève très tôt et on se couche tôt aussi. Nous arrivons à l'hôtel à 02h00 du matin. A peine le temps de constater que la chambre est splendide, mais que la clim ne marche pas (il fait dans les 40°, quand même) et que la literie est constituée d'un très très mince matelas sur une planche, nous tombons raide pour une minuscule nuit. Au matin, inutile de dire que je suis épuisée. Non, là je ne réussirai pas à démarrer, surtout que nous avons notre premier cours de danse avec les tsiganes. J'ouvre les rideaux, et je tombe... sur la vue époustouflante d'une somptueuse piscine en contrebas. Ni une ni deux, je saute dans mon maillot de bain, pendant qu'Annie me traite de dingue. Inflexible, je suis : il me faut un bain d'eau froide pour être capable de commencer la journée. Annie me suivra d'ailleurs, et nous voilà dans les jardins de l'hôtel à 07h30 pour un bain matinal. Remarquez, la vue en vaut la peine, sans compter les délices de l'eau fraiche sur notre organisme surchauffé
Après le petit-déjeuner, nous rencontrons enfin les Tsiganes pour notre cours de danse. Leila est obligée d'aller les chercher à la réception, car ici comme ailleurs, on ne laisse pas des gypsies entrer dans un hôtel, encore moins un hôtel super chic comme celui-là. Elles arrivent avec armes, bagages et musiciens (et bébés), vêtues de leur somptueuses tenues kalbelya (là on voit à leur jupe noire qu'elles sont du clan des Sapera, les charmeurs de serpents).
Je dois dire que le cours ne prête pas à la morosité, la danse kalbelya étant plutôt athlétique et joyeuse. Une des dames de l'hôtel qui fait le ménage, une gypsie elle aussi (ça se voit à ses immenses anneaux de nez), se prend d'affection pour moi et me prête, le temps du cours, son magnifique collier en or (sans doute son bien le plus précieux) : c'est plus joli, me fait-elle comprendre, quand on danse. Elle regarde avec un certain étonnement et une joie certaine ses consoeurs, jamais on n'a vu un tel spectacle dans cet hôtel, s'amuse de nos efforts et me montre fièrement à ses collègues parce qu'elle a décrété que je dansais comme si j'étais une tsigane. Et tout le temps que je resterai cet hôtel, elle me fera de grands sourires me osera me serrer dans ses bras timidement. Une rencontre comme cela arrive de temps en temps.
L'après-midi, visite de Pushkar. Pushkar est une ville sainte pour les hindouistes, on dit que Brahma y a tué un démon avec une fleur de lotus. Les pétales, en tombant, on formé les trois lacs sacrés où l'on peut se baigner pour se purifier. C'est un endroit tranquille, rythmé par les cérémonies religieuses, qui ne se réveille qu'en novembre pour la plus grande foire de chameaux du monde. J'aimerais bien voir ça, il paraît que c'est épique ! Visite tout d'abord du temple dédié à Brahma, le seul en Inde (c'est l'épouse du dieu, jalouse qu'il aille lutiner sa 2ème et très jeune épouse, qui décida qu'il n'y aurait qu'ici que son époux aurait un temple pour y être adoré)
On n'a pas le droit aux appareils photo à l'intérieur, nous nous contenterons donc d'admirer les belles sculptures et les ex-voto écrits dans toutes les langues possibles et imaginables.
Nous allons ensuite au lac sacré de Pushkar, où celles qui le souhaitent peuvent effectuer une puja (cérémonie) afin d'attirer sur elles et ceux qu'elles aiment la bénédiction de Brahma. C'est là que j'ai pensé à vous, tous et toutes...
Puis promenades dans les rues de la ville, et surtout shopping. C'est leur premier vrai shopping en Inde pour celles qui ne connaissent pas, je suis bientôt hilare de voir les copines courir dans tous les sens, affolées par la quantité de jolies choses et les prix modiques. Je marchande tellement sec que j'aurai rapidement la fonction de négociatrice déléguée... Le nez en l'air, je me promène dans les rues de cette jolie petite ville, en effet assez calme et endormie pour une cité indienne.
Le soir, je réussis assez facilement à convaincre quelques unes des filles à manger dans un des restaurants ouvert sur la rue, où nous dégustons un thali somptueux (assortiment de plusieurs plats, de l'entrée au dessert, sur un plateau compartimenté en inox) pour environ 1,50 euro. Un mariage passe au même moment : nous avons la chance d'admirer le défilé bruyant ainsi que le jeune marié, déguisé en maharajah et assez piteux sur son cheval caparaçonné,
vestale Prêcheur
Nombre de messages : 937 Date d'inscription : 28/09/2007
Les photos sur le Cercle ressortent vraiment bien. En plus de la jolie tenue colorée de la tsigane, je rajouterai qu'elle a un sourire qui donne envie de sourire, qui doit illuminer une journée.
constance Prophète
Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007
Sujet: Re: Inde, carnet de route 2011 Mer 20 Juil - 20:49
5ème partie : vers Udaipur, le City Palace (13 et 14 avril).
Dès 07h00 du matin, je me retrouve dans la piscine de l"hôtel pour me rafraichir, en vue du long voyage en bus qui nous attend pour rejoindre Udaipur. De ce voyage hélas, je n'ai rien à vous montrer. Le joli temple dédié à Shiva, qui se trouve à Nagda, est totalement interdit aux appareils photos. Nous assisterons néanmoins à une belle cérémonie dans le sanctuaire du temple tout recouvert d'or et d'argent, avec des vieilles dames qui chantent des hymnes à Shiva, dans un capharnaüm de cris d'enfants, louanges, instruments divers et sourires en prime.
Arrivés à Udaipur le soir, nous attendrons le lendemain pour visiter le City Palace. Il s'agit quand même du plus grand palais pour l'état du Rajasthan, qui en compte beaucoup, et pas des moindres. La dynastie qui l'a construit au XVIème siècle, afin de pouvoir résister aux envahisseurs moghols, est aussi la plus ancienne famille dirigeante de cette province, puisqu'elle remonte au VIIème siècle. Par ailleurs, ils n'ont jamais été soumis aux musulmans et les princesses d'Udaipur n'ont jamais eu à aller dans les harems des empereurs moghols, ce qui explique la grande popularité de cette famille royale.
Un premier aperçu du paysage que l'on découvre, en arrivant au City Palace : il s'agit du lac Pichola, et l'ancien palais sur le lac est maintenant un hôtel de grand luxe, appartenant au groupe Taj
Comme vous pouvez le constater, on ne plaisante pas avec l'entretien de chaque partie du palais, y compris les clous en cuivre de cette porte, soigneusement astiqués par des employés à l'allure martiale
L'entrée du palais, côté visiteurs
Détail d'architecture : le soleil doré est le symbole des souverains du Rajasthan, qu'on retrouve beaucoup sur les boucliers, par exemple
Détail d'une fresque peinte sur un plafond, sous le porche : le dieu Krishna, reconnaissable à sa couleur bleue, entouré de ses gopis, les bergères avec qui il folâtrait
Sur les murs extérieurs, de magnifiques peintures de chevaux ou d'éléphants, vous pouvez en apprécier la taille en la comparant aux personnes devant
Une idée de l'architecture du palais
Vue sur la ville
Plus en détail
Et vue côté lac Pichola
Avec une partie du palais sur le lac
On y rencontre des personnes qui semblent sorties de contes de fées exotiques ou de livres de Kipling
Une vision esthétique
Un des gardes, comme tous les hommes du Rajasthan très attaché sa à fière moustache, signe de virilité
A l'intérieur du palais, une des chambres du maharajah, entièrement tapissée de miroirs colorés exportés à l'époque de Hollande
vestale Prêcheur
Nombre de messages : 937 Date d'inscription : 28/09/2007
Sujet: Re: Inde, carnet de route 2011 Jeu 21 Juil - 0:09
Tous ces détails architecturaux ravissent mes yeux, quelles splendeurs entre les vues, l'entrée du palais, ces petits détails colorés. C'est somptueux !
filo Admin
Nombre de messages : 2078 Age : 52 Signe particulier : grand guru Date d'inscription : 06/07/2007
Sujet: Re: Inde, carnet de route 2011 Jeu 21 Juil - 2:13
Décidément, c'est beau, mais en plus tes photos sont de plus en plus au point aussi : cadrage, pertinence de l'instant, mise au point, etc... Celle de la femme sur le carrelage, c'est carrément de l'art.
constance Prophète
Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007
Sujet: Re: Inde, carnet de route 2011 Jeu 21 Juil - 11:10
Merci vous deux ! Autant dire que je suis très fière de ce compliment, filo, puisque venant d'un professionnel de la photo, je dirais même d'un artiste photographe (entre autre). J'aime beaucoup cette photo de la femme sur ce carrelage, d'ailleurs les copines me l'ont beaucoup enviée Je n'ai qu'un petit appareil numérique, tu le connais d'ailleurs, mais de très bonne qualité. Quant à l'oeil, on me fait de plus en plus d'éloges là dessus, j'ai donc réfléchi un peu à ce qui faisait l'oeil du photographe. Dans mon cas, très simplement, j'ai un sens de l'équilibre et de la symétrie hors norme (ça veut dire que je suis particulièrement chiante quand je me mets à ranger, vous l'aurez compris...). Et je crois que mon boulot a développé un sens de l'observation et d'estimation très rapide de certaines situations, que j'avais déjà avant vu ma paranoïa latente. D'après les copines, j'ai vu des tas de choses qu'elles n'avaient pas remarquées. Ce qui ne m'empêche pas de passer à côté de vous dans la rue sans même vous remarquer... bon, en Inde je fais attention on va dire. Ca en vaut tellement la peine.
vestale Prêcheur
Nombre de messages : 937 Date d'inscription : 28/09/2007
Sujet: Re: Inde, carnet de route 2011 Jeu 21 Juil - 12:22
J'ai connu un monsieur sur le net qui partageait avec David et moi la passion de Versailles. Il prenait de remarquables photos et il avait un superbe apn, un des plus chers du marché. Ce monsieur était très humble, je parle au passé, car on s'inquiète de ne plus le voir sur le forum que j'ai créé sur Versailles voici plus de deux ans, en souhaitant qu'il aille bien. J'avais et toujours un petit apn et il aimait bien mes photos sur Versailles, il me disait quand je l'ai rencontré pour une visite du parc, que cela se voyait à travesr à mes photos, que j'aime cet endroit. Surtout il me disait que ce n'est pas la qualité de l'apn qui fait de bonnes photos, mais bien celui qui se trouve derrière l'objectif, le regard, quelque soit l'appareil. Je suis entièrement d'accord avec Filo, tes photos sont impressionnantes, tu saisis l'instant, le sourire et le geste avec beaucoup de délicatesse.
constance Prophète
Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007
Sujet: Re: Inde, carnet de route 2011 Jeu 21 Juil - 21:47
Marchi tous C'est vrai que je suis impressionnée par la qualité incroyable des photos que l'on peut prendre avec un très bon appareil perfectionné, sans parler de l'outil Photoshop. Mais ça ne fait pas tout, loin de là. Evidemment, quand on a les deux, c'est top ! Mais je suis tellement incompétente au niveau technique que je ne m'y risque même pas. En plus, les réflex sont trop encombrants pour ce que j'en fais, c'est à dire des photos prises sur le vif, parfois à la volée ou très discrètement. Et c'est vrai que quand on aime, vestale, on est tellement fasciné qu'on arrive à transcender le sujet. Enfin, pour faire de vilaines photos en Inde, il faut un peu se forcer, quand même...
constance Prophète
Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007
Sujet: Re: Inde, carnet de route 2011 Dim 24 Juil - 16:17
6ème partie : Udaïpur (15 avril).
Aujourd'hui, journée libre. Nous décidons d'aller visiter la partie commerçante de la ville d'Udaïpur dès le petit matin, à la recherche entre autre de passementerie pour Annie. Ces articles sont difficilement trouvables en France, ou très chers, les merceries à l'ancienne ayant fermé au fur et à mesure. Elles abondent en Inde et proposent de la superbe passementerie pour quasiment rien. Il y a un marché aussi à Delhi Gate, et j'adore les marchés...
C'est le matin, le soleil commence à taper, le marchand des 4-saisons fait de l'ombre à sa marchandise avec un parasol quelque peu dépenaillé. Vous remarquerez les choux-fleurs et les concombres sur son étalage
La marchande d'aubergines. Il existe de somptueuses recettes à base d'aubergines dans la cuisine indienne, et tout particulièrement au Rajasthan, où ces légumes sont particulièrement savoureux
Dans une petite ruelle, des femmes en train de faire leurs dévotions devant un mini-temple (on voit le dieu Ganesh à droite)
Un étalage de bracelets, les fameux « bangles ». Ils semblent aussi nécessaires à la vie courante que la nourriture. La femme la plus pauvre, les cantonnières qui cassent les cailloux au bord des routes, auront toujours des bracelets autour du poignet, même en plastique ou en verre, les moins chers. ,
Très intriguées, nous regardons ces étalages qui proposent des roues de... quoi ? Du fromage ? Les messieurs nous font goûter. C'est bizarre, sucré comme du miel solidifié mais sans le goût typique du miel. On comprend enfin que ce sont des morceaux de mélasse, cassés et vendus au poids.
J'ai trouvé la concession Singer d'Udaipur ! Quand on se rend compte de l'importance du textile dans le pays, il est évident que les machines à coudre représentent un marché phénoménale, une vraie richesse
D'ailleurs, la boutique est très fréquentée. Ici, toute la famille s'est déplacée sur la moto du père
Epuisées par la chaleur et la marche à pieds de la matinée, nous prenons un rickshaw pour dénicher un petit restaurant bon et typique (pas un truc pour touristes, précisons-nous au chauffeur). Il nous amène devant une belle façade moderne, qui suscite en nous quelques doutes. Mais non, c'est un restaurant des villes, qui s'est adapté au goût de chacun : au rez-de-chaussée, une partie moderne et aseptisée, climatisée à l'excès, où l'on sert des fausses pizzas et du Coca sur de la musique pop indienne. En haut, la partie indienne, ventilateurs qui brassent l'air chaud, grands plats à thali en aluminium, jeunes garçons qui passent avec des marmites pour remplir nos assiettes chaque fois qu'elles se vident. Nous faisons un festin, copieusement arrosé d'eau glacée, de jus de mangue frais et de lassi, pour la somme déraisonnable de 2 euros,
De retour à l'hôtel, nous sommes comme toujours accueillies par le portier, dont le rôle principal consiste visiblement à saluer militairement tous les gens qui entrent. L'armée des Indes n'est pas morte !
Il faut dire que l'hôtel où nous sommes, le Hilltop, est un vrai palace. Rien que la vue de notre chambre...
Impossible de terminer sans parler du stage de danse avec des tsiganes de la région, chez qui Leila, ma prof de danse, a vécu et étudié quelques temps. Elles posent pour nous de bonne grâce, après un cours évidemment épuisant mais ô combien enrichissant
Le soir, nous sommes invités chez eux à diner et bien sûr pour de la musique et de la danse. Depuis l'année dernière, ils ont pu construire une maison pour leur famille (famille tsigane, donc très élargie), dans une banlieue assez chic d'Udaipur. Ils ont étalés des matelas et couvertures dans la grande pièce, afin que nous puissions nous asseoir et nous restaurer, et ce sera débauche de musique, chants, danses et fiesta jusque très tard dans la nuit.
constance Prophète
Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007
Sujet: Re: Inde, carnet de route 2011 Mer 27 Juil - 20:23
7ème partie : Ranakpur (16 avril)
Partis très tôt ce matin en direction de Jodhpur, notre bus commence à ressembler à un lieu de vie très organisé. Au fond, salon de coiffure, tressage de cheveux avec diverses pendeloques et effets capillaires. Au milieu, salon de beauté, vernissage d'ongles, essai de crèmes diverses. Devant, dortoir et infirmerie premiers soins. Je suis fournisseuse officielle en huiles essentielles et médicaments non allopathiques. Nous avons aussi une pharmacienne diplômée. Et je dors, vu la nuit plus que virtuelle que nous venons de passer.
Quelques heures plus tard, nous arrivons à Ranakpur, où se trouve le plus grand et le plus beau temple jaïn d'Inde. Mahavira, le fondateur du jainisme, était un contemporain de Bouddha. Il s'agit d'une secte (sans connotation négative) dérivée de l'hindouisme, mais extrêmement stricte. Pour les jaïns, la purification de l'âme passe par une non-violence absolue et une vie d'une telle austérité que tous les actes de la vie quotidienne en sont influencés. Les jaïns se refusent à détruire toute vie existante. Ils ne peuvent donc être paysans, puisqu'ils tueraient des vers de terre ou des insectes en cultivant les terres (d'ailleurs, ils ne mangent même pas les légumes tubercules, pour la même raison). Ils sont donc devenus commerçants, et pour certains ont fait fortune. Ce sont ces jaïns fortunés qui ont donné tant d'argent pour construire ces temples tout en marbre, bâtis entre les XIè et XIIIè siècles. L'architecture reflète la philosophie de ces croyants : pour eux, le monde n'est pas illusion (comme pour les bouddhistes), il ne représente pas non plus les divers aspects de l'Etre Suprême. Selon les jains, l'âme, pure en soi, est souillée par le contact avec la matière, elle perd ainsi de sa consistance face à la réalité. Il faut donc se détacher du matériel, ce qui se reflète dans l'austérité de la statuaire. Il est très étrange pour moi de constater que leur vision théologique rejoint celle de nos cathares...
Le temple vu de l'extérieur. Les tapis qui courent sur le sol servent à ne pas nous brûler les pieds, puisque nous devons laisser nos chaussures en dehors du temple et que, vu la chaleur, on pourrait faire cuire un oeuf sur ce parvis
Les salles à colonnades. L'intérieur est intégralement en marbre blanc, cela donne l'impression d'une pierre presque savonneuse, un aspect vaguement onctueux. Il y a des centaines de colonnes, et parmi ces colonnes, une seule est construite un peu tordue : c'est pour que le temple ne soit pas absolument parfait, afin de ne pas concurrencer la perfection des dieux
Un des prophètes fondateurs, cette sculpture fait à peu près ma taille
A chaque angle du temple, on retrouve ces statues d'éléphants. Le petit personnage dessus, c'est la mère d'un des riches donateurs pour la construction du temple. Quand l'édifice fut achevé après de nombreuses années, elle entama un voyage à dos d'éléphant pour aller le contempler, mais mourut avant que de le voir
Détail de bas-relief au pied d'une colonne
Un des dômes
Détail : une délicieuse danseuse
Un des prêtres, qui broie des épices (ici, du safran) afin d'en faire offrande aux dieux.
filo Admin
Nombre de messages : 2078 Age : 52 Signe particulier : grand guru Date d'inscription : 06/07/2007
Sujet: Re: Inde, carnet de route 2011 Jeu 28 Juil - 23:31
Magnifique, ce temple jaïn ! je ne connaissais pas leur architecture. À noter que Mahavira a développé le jaïnisme, mais que cette religion est beaucoup plus ancienne (que l'hindouïsme même), et remonte à des temps immémoriaux. Le svastika vient d'ailleurs de ce courant, avant d'avoir été adopté par l'hindouïsme, et je suis étonné de ne pas voir ce symbole sur tes photos.
Sinon, pour Udaïpur, à gauche de Ganesh, c'est Brahma.
constance Prophète
Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007
Sujet: Re: Inde, carnet de route 2011 Ven 29 Juil - 23:39
Il y a des endroits du temple qu'on n'a pas le droit de photographier, en particulier les petites niches grillagées où sont représentés les fondateurs et prophètes du jaïnisme. Les guides en parlent et il y a des recommandations dans les livres, mais il y a encore des imbéciles qui photographient, sans respecter ces croyances. C'est pour cela que dans certains temples, les appareils photo ont finalement été interdits. Tout ça pour te dire que c'est souvent près des niches en question qu'il y a des swastikas. J'en ai surtout vu un très grand nombre peintes sur les maisons, mais plutôt à Jaisalmer, où il y a une forte communauté jaïn. Je te promets un festival de swastikas quand j'arriverai dans cette ville. Il y a d'ailleurs dans la vieille ville un temple aux sculptures encore plus ravissantes que celles-ci, on ne me décollait plus tellement j'étais fascinée... Merci pour Brahma, c'est juste que j'ai un petit faible pour Ganesh. D'ailleurs, il y a la fête de Ganesh à Paris fin août, j'adore !
constance Prophète
Nombre de messages : 4029 Date d'inscription : 07/07/2007
Sujet: Re: Inde, carnet de route 2011 Sam 30 Juil - 22:02
8ème partie : Jodhpur, la forteresse de Mehrangarh (17 avril)
Nous nous trouvons à Jodhpur, une ville que j'apprécie particulièrement pour son ambiance bon enfant, l'hôtel incroyable dans lequel nous résidons (que je vous présenterai dans un autre épisode) et l'impressionnante forteresse de Mehrangarh.
C'est ce fort, appartenant à la dynastie des rajah du clan Rathor, que nous visitons cet après-midi. Après la conquête de la région par ce clan en 1453, le rajah fit construire une forteresse imposante sur un roc isolé dominant la ville, comprenant toute une série de palais, de temples...etc.
En arrivant à l'entrée de la forteresse, nous sommes accueillis par de magnifiques fresques, qui indiquent que le fils du rajah s'est marié dans l'année (mince, les filles comptaient bien séduire un de ces légendaires princes...)
Je suis subjuguée par les détails
Cette débauche de finesse tranche sur l'architecture plus rude de la forteresse. Il existe deux voies d'accès pour arriver en haut : les escaliers, très rudes, et un ascenseur géant quelque peu capricieux. Devinez lequel nous prenons ? N'oublions pas que Jodhpur est situé en lisière du désert du Thar, la chaleur commence à se faire sérieusement sentir. La vue mérite quelques efforts, nous avons du haut des remparts un aperçu impressionnant de la ville bleue
La plateforme est en travaux... ici, les choses se passent à la main, vu le prix de main-d'oeuvre et ce sont les femmes qui effectuent les gros travaux. Je reste toujours admirative devant leur fraicheur, alors qu'elles trimballent des sacs de gravats sous le soleil accablant, la beauté de leur sari, des bracelets qu'elles font cliqueter coquettement, et surtout du sourire lumineux et timide qu'elles nous adressent.
Dans une des cours intérieures, je surprends, chose assez rare, une visiteuse tsigane du désert, reconnaissable à ses vêtements particuliers et les bracelets blancs kalbelya portés au dessus du coude
Comme vous pouvez le constater, cette touriste indienne ne porte pas du tout le même genre de vêtement. Elle a revêtu un élégant sari et son fils un beau jean, comble du luxe et de la mode. J'ai été séduite par son déhanché de statuaire.
Vêtues elles aussi selon leur condition, ces jeunes filles posent avec bonne grâce dans un petit renfoncement tout en marbre
Nous descendons tout doucement, de cours en cours, d'escaliers en escaliers, en parcourant des salles transformées en musées. Evidemment, le luxe de certaines pièces peut sembler écrasant
Une salle est consacrée aux howdah en or et en argent, ces palanquins que l'on mettait sur le dos des éléphants lors des processions ou cérémonies (ou batailles d'ailleurs)
Je capte aussi de petites merveilles architecturales, tout aussi raffinées, comme cette fenêtre
Je n'oublie pas d'admirer la vue sur la ville bleue, au-delà des remparts
Au loin, un palais dont je saisis la blancheur éblouissante au zoom
Près de la porte de Loha, où l'on peut regarder les empreintes des mains de femmes qui se sont immolées sur le bûcher funéraire de leur époux... en 1953, la dernière sati de la famille royale de Jodhpur se fit ainsi brûler vive. Ces femmes parlent d'une autre douceur, dans la lumière déclinante de l'après-midi
constance Prophète
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Sujet: Re: Inde, carnet de route 2011 Dim 31 Juil - 13:33
9ème partie : Jodhpur, l'hôtel Balsamand et la vieille ville.
L'hôtel dans lequel nous logeons est tout à fait exceptionnel, puisqu'il s'agit de l'ancienne résidence consacrée au polo du rajah de Jodhpur. Les chambres, et quelles chambres, ont été aménagées dans les stalles des chevaux du prince. Je connaitrais des gens aisés moins bien logés que ne l'étaient ces bêtes... imaginez un Versailles pour chevaux et éléphants. Mis à part le cachet très particulier de ces chambres, ce que j'apprécie avant tout, c'est le parc immense qui entoure l'hôtel. Nous nous étions promenés l'année dernière déjà, à la recherche de la piscine, que nous n'avions jamais eu le temps de dénicher, au milieu des senteurs extravagantes du jasmin et des cris des singes en liberté. Voici quelques aperçus végétaux de ce parc, je me suis levée aux aurores pour profiter du chant des nombreux oiseaux et de la fraicheur
Je n'avais jamais vu des roses trémières couplées à des palmiers
Près de la salle du petit-déjeuner, un des nombreux paons prend la pose. Le paon est un animal sacré en Inde, le tuer est considéré comme un crime. Il est le symbole du dieu Krishna, mais aussi associé à la déesse Saraswati, maîtresse de la sagesse, de la connaissance, de l'éloquence, des arts (dont la poésie), du langage et de l'écriture. C'est aussi l'oiseau symbole du Rajasthan
Je surprends un petit martin-pêcheur coloré comme un bijou
Enfin, enfin, j'ai trouvé la piscine, après plus de 10 minutes de marche rapide... elle en vaut la peine, remarquez. Je me prélasse, seule dans les eaux claires, pour un bain matinal et rafraichissant
En fin d'après-midi, nous avons quartiers libres pour partir à la découverte de Jodhpur. Les marchandes de bijoux et bimbeloteries abondent sur la grand-place. C'est sous le porche qu'on voit en arrière-plan que j'achète le délicieux thé Assam et les sachets d'épices pour la préparation du chai
Les épices et à peu près tous les accommodements possibles et imaginables s'offrent sur les étalages des marchands
Ainsi qu'un nombre impressionnant de légumes divers, qui font de la cuisine indienne la meilleure cuisine végétarienne au monde
N'oublions pas qu'il reste un grand nombre de musulmans au Rajasthan. Mais même les femmes réussissent à apporter un peu de gaité dans leur tenue austère